mardi 29 décembre 2009

kimmidoll


U est sortie du terminal de l'aéroport aussi fraîche qu'une petite fleur de jasmin comme si elle sortait d'un sommeil paisible, après 12 heures de vol je ressemble plûtot à un coquelicot fané, touge et tout frippé.

De sa valise elle a sorti des petites jupes et des ballerines qui habillent ses jambres très amaigries, le changement depuis l'été dernier est flagrant, elle devient une jolie poupée. Il ne manque plus que le maquillage dans l'uniforme. Toutefois, les conversations sont toujours profondes, sa culture sur la France plus vaste que la mienne m'impressionne. Son amour et son étonnement devant les petites choses de la vie française m'attendrissent et m'amusent.

Elle dit adorer la cuisine française mais picore dans son assiette, coupant des morceaux minuscules et mangeant avec une lenteur qui dépasse mes plus viles prouesses en la matière. Je ne sais pas si c'est par timidité, délicatesse ou restreinte. Peut-être que je projette trop ma propre image sur son comportement.

La vie de famille est transformée par sa présence, son innocence et sa spontanéité rafraichissent les instants quotidiens. Son cri de surprise devant l'aspect du riz français nous fit rire pendant plusieurs minutes.

Elle veut apprendre à faire des "kich" et qu'on invente ensemble une nouvelle recette franco-coréenne de "bibimpap". Une fois par semaine on fera un repas franco coréen.

Elle trouve les parisiens aimables car ils se disent bonjour dans l'ascenseurs, je n'ai pas fait de commentaires.

mercredi 23 décembre 2009

La brioche de Noel est dans le four, la maison embaume le pain chaud et les épines de pins, une odeur toute particulière qui rappelle de si beaux souvenirs d'enfance. Le sapin est de plus en plus chargé d'année en année, les boules multicolores pendent joyeusement aux branches dans un désordre de couleurs enfantin.

Quelques cadeaux attendent déjà à son pied, B et moi avons passé l'âge de mettre un verre de lait et deux clémentines sur le rebord de la fenêtre pour que le père Noël puisse reprendre un peu de force pendant sa longue tournée. Pourtant, il mangeait toujour tout.

Je me demande ce que renferment ces beaux paquets. Des belles bottes rouges lacées? Les contes des Mille et Une Nuits dans la pléïade? De beaux carnets au papier déjà un peu jauni qui crissera avec élégance sous ma plume nostalgique? Je n'en peux plus d'attendre.

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Les bottes rouges étaient bien là accompagnées d'une jolie gavroche écossaise et d'une écharppe toute douce. Les livres aussi étaient présents et même un peu trop, Anna Galvada faisait tâche au milieu de la Pléïade. Je pourrai boire du thé dans mon nouveau service rouge et manger des chocolats en essayant de ne pas abîmer les pages. L'appareil photo était le bienvenu pour remplacer le cher disparu dans un taxi coréen.
On a mangé mangé mangé et encore mangé, j'ai fait mes premiers pas dans la Belle-Famille.
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U arrive de Séoul ce soir. On a préparé la chambre bleue, mis des jolis drap en lin blanc cassé et des affiches de cinéma français sur les murs. Je ne pensais pas la revoir avant plusieurs années et la voilà qui vient habiter deux mois à la maison. Une deuxième petite soeur au longs cheveux noirs. J'espère qu'elle aura toujours ses jolies fossettes et ses pulls colorés.

jeudi 10 décembre 2009


Maman et papa se disputent tout le temps, alors avec mes frères on a peur. Quand on les entend rentrer, on éteint la télé et on s'assoit serrés tous les trois sur le canapé. Souvent, j'ai mal au ventre et on n'ose même plus parler. Ils crient très forts comme si ils ne nous voyaient pas. Quand maman a essayé de sauter par la fenêtre, des docteurs sont venus la chercher pour l'emmener se reposer à l'hopital. Heureusement, on habite au premier étage alors elle ne se serait pas fait beaucoup de mal. Dans la rue elle criait très fort, papa est parti avec elle dans l'ambulance. Nous on est resté tout seuls dans l'appartement. Tonton C et tata N sont arrivés pour nous emmener chez eux. Dans la voiture, j'ai fait un bisou tellement fort à mon petit frère qu'il a un bleu sur la joue maintenant.


Tonton et tata ont une grande maison bien rangée, chez nous c'est toujours le bazar parce que maman n'a pas le temps de faire le ménage avec tout son travail. On a déjeuné tous ensemble avec nos deux grandes cousines.


A la maison on ne mange jamais ensemble, papa et maman travaille toute la journée au café et ils nous montent un plat dans l'appartement, alors on mange tout seuls. Mon petit frère mange avec ses doigts en sautant partout alors après c'est sale et on se fait gronder très fort.

On a mangé des pâtes avec du saumon et de la glace à la vanille en dessert. L'après midi, j'ai joué avec ma cousine C à plein de jeux de société, on a regardé Charlie et la Chocolaterie. Pour le gouter, on a fait un gateau au chocolat. Mon petit frère qui voulait toujours qu'on s'occupe de lui et faire des calins à C, c'était pas possible d'être tranquille. J'avais peur que maman ne revienne jamais.

Mon grand frère est resté sur le canapé toute la journée, il ne voulait pas parler et il s'énervait tout le temps. Tonton C a dit qu'il fallait le laisser tranquille.

Ma cousine B m'a donné pleins de jolis vêtements trop petit pour elle, ça changera de porter les vieux jeans de mon frère.

Quand papa est revenu, il a dit que maman allait rester à l'hôpital encore un peu. Moi j"étais très inquiète parce que le lendemain c'était lundi et on aurait personne pour nous réveiller et nous emmener à l'école.

Des enfants abandonnés par des parents qui les aiment pourtant. Des parents aveuglés par leur guerre. Des petits bras qui serrent mon buste de toutes leur force dans un besoin de contact physique instinctif. Manquer d'amour quand on a 4 ans.
Des enfants qui mange des restes de pizzas froids au petit déjeuner. J'ai 20 ans et ma maman me fait toujours mes petits paniers déjeuner pour aller à l'université.


Comme par exemple, la fameuse:


salades de pommes-crevettes au curry


ingrédients
2 pommes (type golden ou pink lady)
200g de petites crevettes roses
50g de raisins secs
quelques feuilles de laitue ou autre salade
15cl de crème fraiche liquide
2 cc de curry
sel, poivre

Mélanger dans un bol la crème, le curry, le sel et le povivre
Ajouter les raisins sec et les laisser mariner dans la sauce pendant 10 minutes
Couper les pommes en gros dés, mélanger avec les petites crevettes
Ajouter la sauce avec les raisins
Reajouter quelques feuilles de salades et mélanger
Laisser reposer au frais avant de servir

jeudi 3 décembre 2009

J'aime le mois de Décembre quand tous les matins au réveil j'ouvre la petite case en carton de mon calendrier de l'avent, que j'en sort le chcolat, que je regarde le petit motif (souvent un visage de père Noel, un renne ou un sapin) et que je croque dedans. Dans une semaine on fera le sapin qui est mystérieusement plus petit d'année en année, B et moi nous battrons pour mettre l'étoile en haut. Avec E on ira voir les jouets au dernier étage des grands magasins: les vieux jouets en bois, les distributeurs de confiseries... j'espère qu'ils auront installé la machine à faire des ours en peluche. Avec P on ira faire les courses du Réveillon au marché de la rue des Ternes, s'il m'aime encore assez ou si la trêve de Noel sera déclarée.
Après une longue ascèse, redécouvrir des plaisirs d'enfance longtemps interdits, une douce regression qui elle même est encore un effort
Une tartine de pâte à tartiner sur une tranche épaisse de pain de campagne, le goût de la noisette soulève toute la saveur des céréales et de la farine rustique du pain.
De la brioche moelleuse comme un oreiller, des bonbons suaves au goût de lait, les petits grains de sucre récupérés au fond du sac de chouquettes.
"Bonjour grand mère"
"Il faut grossir"
"bonjour grand mère"
"Il faut grossir plus vite"
"je sais"
"et bien pourquoi tu ne le fais pas"
"..."
"pour Noel je t'offrirai une guirlande de saucisses"
hyprasex

samedi 28 novembre 2009

"Y'a combien de couleurs sur ta robe"
"7 comme les couleurs de l'acr en ciel"
Il est d'un naturel soupçonneux alors il vérifie en douce, comme j'ai dit la vérité il est rassuré, je suis digne de sa confiance.
"Je vais m'asseoir près de toi en attendant que l'école ouvre"
"c'est fermé"
Ses cheveux son extraordinaires, comme des milliers de fils blonds entremêlés. Il est un prince miniature. Je peux à peine le regarder, la beauté du monde me fait toujours autant souffrir.
"t'as un problème le CM2"
"Ouais, j'ai plus de place dans ma tête. Je range toute la journée, des smarties, des crocodiles, des carambars et j'ai plus de place pour les Chocopops. Or c'est ce que j'aime par dessus tout les Chocopops, tu comprends"
"Oui, c'est mal barré pour toi"
"A qui le dit tu"...

"Tu veux une grenadine?"
"Non pas de grenadine, qu'est ce que tu lis?"
"Le journal intime de Virginia Woolf"
Je hoche la tête: "merveilleux, j'adore"
"Tu l'as lu?"
"Non pourquoi?"
"..."
"C'est que je trouve la sonorité de ces mots extraordinaire...Le journal intime de Virginia Woolf. J'aime, je sais que j'aime"

Des enfants un peu fous qui vivent dans leurs rêves aux couleurs vives. Des bottes rouges et des cartables vert pomme. Des cheveux blonds Petit Prince et des boucles rousses. La robe safran de Madame Bovary et des jeans avec un trou sur la fesse gauche.

Pour apprendre à ne plus avoir peur, il faut de la patience mais les gens qui n'ont pas peur sont toujours impatient. Il paraîtrait qu'il ne faut pas faire attention à eux et aller doucement mais maintenant dans son regard il y a presque autant de souffrance que d'amour. C'est dur à supporter. Après l'amour il me regarde souvent, il laisse glisser son doigt le long de mon ventre et contourne les bosses et les creux:
"Tu es inquiétante, tu es mon inquiétude"
J'aime bien ,c'est un peu sombre et mystérieux
Il hausse le sourcil droit quand il dit ça et j'ai envie de rire, mais je comprends bien que ce n'est pas drôle.
Ce regard est vite insupportable, je veux qu'il cesse, alors je l'embrasse.

vendredi 20 novembre 2009

H

L'appartement était plutôt mignon jusqu'à pousser la porte de la chambre. Un drapeau français s'étendait sur le mur face au lit, un texte de prière et une croix étaient accrochés au dessus de l'oreiller et sur les murs on pouvait voir des photos d'un camp de prépa d'été militaire: treillis et masques à gaz. Les livres de chevet: L'art de la guerre et la sociolagie des combattants. Le ton était donné.
Sur les murs de son ancienne chambre il y avait des photos de Paris, sur les étagères des ours en peluches et des romans d'aventure.
Comment n'ai-je pas vu la transformation opérée? comment en quelques mois sa devise est passée de Carpe Diem à honneur, patrie, fraternité, courage au combat? Des valeurs respectables qui perdent de leur noblesse affichée dans une chambre à coucher.
Et surtout qu'est ce que je faisais là? Je n'osais même plus le regarder dans les yeux de peur que son beau regard vert ait lui aussi perdu de son humanité. Il avait l'air si rigide avec ses cheveux rasés et ses habits sombres que je n'osais même plus le toucher. Avant c'était la tête sur ses genoux que je regardais la Tour Eiffel scintillée les nuits d'été, allongés tous les deux sur les pelouses du Champs de Mars.
Pour lui ce serait désormains un manque d'honneur de se laisser aller à de tels épanchements dévergondés.
Il y a deux ans il révait d'ouvrir une maison d'hôtes ou une auberge de jeunesse, aujourd'hui il veut devenir Général ou être le patron d'un grand hôtel pour diriger ses bataillons.
Il avoue ne pas avoir le temps d'aimer et puis de toute façon "femme de militaire c'est un métier". La passion amoureuse n'est qu'une bestialité. Sa compagne il la trouvera dans un rallye, une fille qui a été éduquée pour cela, pas une gauchiste excentrique comme moi. Pas que je sois interessée, peut-être l'ai je été un jour, peut-être les choses auraient évolué différemment si... Mais non. J'ai préféré le petit blond anarchiste avec sa barbe mal rasé et ses mains d'artiste. Quelque chose me dit que pour une fois j'ai fait le bon choix.
J'ai quand même visité Bordeaux, les dédales de petites rues pavés qui mènent de places en églises, je me suis promenée le nez au vent sur les quais de la Garonne. Il faisait bon sur les terrasses au bord de l'eau, les huîtres étaient fraiches et iodées, perlées de bleu et de gris.

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Je suis revenue à Paris en me demandant si une longue amitié ne venait pas de se clore... Le voyage en train fut un peu triste, mais je pensais à F pleine d'amour pour un si gentil et pacifiste jeune homme qui a le courage de savoir aimer. Une bonne bouteille de vin dans mon sac pour fêter ça. Je rêvais d'un dïner en amoureux. Le soufflé au fromage est-il un plat romantique?

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Obligée de monter sur la balance sous les yeux plein de reproches de M, l'humiliation fut très blessante. Alors tu vois tu ne fais aucun effort?! Les chiffres ont parlé je n'ai rien eu à redire.

Les feuilles morte chargent la terre d'une odeur acide, j'ai marché longtemps en serrant très fort les marrons caché dans mes poches jusqu'à en avoir mal aux mains.

lundi 9 novembre 2009

à mi chemin

Etre au début du chemin c'est toujours bien, on s'élance plein de bonne volonté vers de nouveaux horizons, on se sent brillant et vivant.
La fin du chemin est parfois teintée de nostalgie mais on attend l'accomplissement avec excitation, souvent dans l'urgence, on se sent survolté lorsque tout s'assemble vers l'envol final.
Etre au milieu du chemin c'est être un peu perdu, on est plus sûr du sens, on s'essouffle. On voudrait bien faire une pause mais alors on risque de ne plus repartir, comme au milieu de l'ascension d'un sommet. On se demande si ça en vaut vraiment la peine, si ce ne serait pas mieux de faire demi-tour. Mais il y a tout ceux qui attendent à l'autre bout, à qui l'on a promis, qui croient en nous, on ne peut pas les décevoir, on ne veut pas paraître lâche.
La motivation est comme usée, effilochée au fil des pas comme une vieille chaussette. Alors, on a des ampoules qui ralentissent encore notre avancée sur ce chemin encore bien long.
A ceux qui s'exlament "c'est bien tu es à mi-chemin!" on veut répondre "que ça?, je n'y arriverais pas"
A ceux qui reprochent: 'tu n'en as fait que la moitié, il faut accélerer' on veut dire " tu ne vois donc pas que j'ai déjà accompli beaucoup?"
On n'a souvent pas vu le retard s'accumuler, le temps ne connait ni échardes ni entorses pour le ralentir et aucune excuses n'y changera rien.
On a toujours l'impression que les autres marchent plus vite et qu'ils se lasseront d'attendre, ils ont un malin plaisir à nous dire plein d'enthousiasme que l'"on ferait bien de se dépécher un peu parce que sinon on en finira jamais".
Mais heureusement parfois au milieu du chemin on trouve une bonne âme pour nous tenir la main, pour courir lentement à nos côté, pour nous devancer en nous applaudissant.
J'espère qu'elle est derrière le prochain virage.
Plus que 6. Encore 6.

jeudi 5 novembre 2009

Une boîte à bento en bois couleur acajou gravée de fleurs délicates aux couleurs pastel. On l'ouvre avec délicatesse et les yeux qui brillent comme avec un joli coffret à bijoux, une fine vapeur à l'odeur délicate salée-sucrée en sort qui donne un petit côté mystèrieux à la scène. Les petits compartiments débordent de nourritures colorées qui contrastent dans des effusions de couleurs et d'odeurs vives. Un teriaki joliement laqué, du riz recouvert d'une omelette émietté jaune tendre qui fond dans la bouche, des korokkés un peu sucré qui croustillent et embaument le palais, des fines lamelles de carottes et de radis blanc vinaigrées rafraichissantes et un mini sashimi de saumon épais et tendre.

Un sandwich au pain de campagne frais dont la mie aérée et élastique fond presque dans la bouche et dont la croute craquante sent presque le caramel. Il renferme deux épaisses tranches de saumon fumé finement recouverte de fromage frais et de salade, leur fraicheur se marie divinement avec la saveur forte du poisson.

Des îles flottantes légère et à peine sucrée sur un flot profond de crème anglaise parsemée de petit grains de vanille dans des coupes en verre coloré transparent. Ma préférée est la rouge. On trempe des petits fondants au chocolat dans la crème vanillée dans une tendre regression.

Un thé vert en rentrant à la nuit tombée, parce qu'on a eu froid malgré des collants en laine blanche avec des petits trous pour faire joli, mais le froid vicieux rentre dans les petits trous.

Les clémentines sentent toujours autant Noël même si c'est encore loin, c'est la seule réminescence que j'accepte avant le 1er décembre.

Bientôt, un voyage à Bordeaux que je n'ai jamais vu, j'espère manger des cannelés avec H en se promenant sur le port. Des huîtres gratinées aussi, avec un verre de bon vin rouge.

Petits fondants au chocolat (9)
60g de farine blanche
1/2 cc de levure chimique
1/2 cc de sel
120g de sucre
120g de beurre doux fondu refroidi
3 oeufs, blancs et jaunes séparés
20 ml d'espresso froid
100g de chocolat noir 70% fondu, refroidi
Préchauffez le four à 220.
Mélanger la farine, la levure et le sel.
Mélangez le beurre, l'espresso et le sucre jusqu'à obtenir une pâte crémeuse, puis ajoutez les jaunes d'oeufs. Ajouter le premier appareil puis le chocolat fondu.
Montez les blancs en neiges et les intégrez.
Ne pas trop travailler la pâte.
Versez la pâte dans des moules à muffins, faire cuire 10 à 15 minutes. Les fondants doivent être encore un peu mou au toucher, ils se solidifieront en refroidissant. Attendre pour démouler.

vendredi 30 octobre 2009

par petites touches


uiJ'aime porter des chapeaux d'homme mais je ne mets presque jamais de pantalons. Je préfère les petites robes faîtes dans des tissus soyeux , quand il y a des noeuds c'est encore mieux. J'ai les yeux caméléons et les cheveux blonds. J'aime avoir les cheveux courts pour être ingénuement décoiffée. Je met du parfum au creux de mon cou lorsque je me sens amoureuse. J'aime les bonbons rose et rouges quandje joue la femme enfant. Déterminée je croque des pommes. Je vivrais de chocolat noir, amer et fort. Je le laisse fondre sous la langue comme un cachet euphorisant et aphrodisiaque. L'ivresse au champagne est la meilleure quand ma tête tourne un peu, que mes joues rougissent et que mon rire s"envole. Je ne mange pas d'oeufs, la vue du gras luisant et blanc me dégoûte et je déserte les fastfoods sous toutes leurs formes. J'aime presque plus cuisiner et regarder la nourriture que la manger surtout les jolis gateaux sur les comptoirs des salons de thé.


J'ai détaché le corps et l'esprit que j'ai du mal à rattacher, j'ai la tête dans la lune ou dans les livres. Mon corps lui est enfermé dans des prisons imaginaires dont je n'ai pas encore trouver les clefs. Certains me disent idéaliste, beaucoup activiste ou droit de l'hommiste, parfois avec respect, souvent avec une pointe de mépris acide. Je suis curieuse mais je garde bien les secrets. A 18 ans j'avais plus lu que je n'avais vécu alors je suis partie pour l'Afrique, quelques années plus tard j'ai découvert l'Europe puis l'Asie, j'attends l'Amérique et l'Antarctique.


J'aime le rock indépendant et le jazz des années 1970, j'aimerais connaître la musique classique. Je ne sais pas dessiner et encore moins chanter, je ne serais donc jamais une bonne coréenne ni une japonaise.


Je bois trop de thé et de café, j'aime me lever tôt le matin, je ne paux pas rester au lit à ne rien faire sauf en bonne compagnie.

Je peux être bouleversée par des musiques de films, par une photo en noir et blanc ou par un vieux manuscrit. Je ris devant les films d'horreur et les animaux m'indiffèrent.


En ce momment j'ai une chaussette rayée qui tirbouchonne, mon ventre gargouille et je regarde l'affiche avec les jambes qui dansent sur mon mur, j'ai envie de manger des kakis mielleux et de m'acheter un banzaï.

vendredi 23 octobre 2009

ne pas oublier de ne pas oublier

J'ai oublié puis retrouvé: mon parapluie, mon portable, des livres de droit ne m'appartenant pas, mon portefeuille. Je n'ai plus de tête alouette mais beaucoup de chance jusqu'au jour où...ça me tombera sur la tête, un coup aussi lourd que deux livres de droit jeté du troisième étage. Peut-être qu'il faudrait que j'éclate ma bulle avant qu'elle n'explose. Je vis sans me voir et sans voir les choses.
Il trouve ça attendrissant ce petit côté décalé, il remet dans mon sac les objets oubliés. Il sourit alors que je mépuise moi-même. Il sera patient jusqu'au jour où...
C'est comme ça que je ne les ai pas vu disparaître tous ces kilos qui n'étaient pas en trop. Je me suis oubliée entre les pages des livres, entre des bras qui ne le méritaient pas. Et puis je me suis retrouvée, un peu, pas tout à fait. J'avais réccupéré un petit ventre mais il a bien vite disparu je crois, je ne suis pas sûre, je ne vois pas encore très bien.
Pour partir à la recherche du ventre perdu (avec un bon roman japonais):
Le gateau tendre aux raisins
300g de raisin vert
3 oeufs
100g de sucre en poudre
1 sachet de sucre vanillé
10cl de crème fraiche
le zeste d'un citron
50g de farine
1cc de levure chimique
Mélanger au fouet les oeufs, les sucre, la crème, la farine et le zeste.
Rincer le raisin et répartir les grains sur le fond d'un moule beurré
Recouvrir de pâte.
Cuire pendant 50 minutes à 190 C°
Soupoudrer de sucre à la sortie du four et manger encore chaud.

mardi 13 octobre 2009




Les petites rues pavées parisiennes m'émeuvent en automne, je m'y promène seule ou parfois accompagnée, emmitouflée dans un manteau de velours lis de vin aux épaisses cotelures. C'est mon petit voyage dans le temps quotidien, j'aime leur atmosphère mystèrieuse, les murs égratignés et les pavés instables. Avec les grosses bottes plates du docteur Martens qui écrasent les feuilles mortes à grand bruit c'est encore meilleur. N était venue me voir de Hongrie, on est allée comme ça de Saint Michel à Montmarttre, on a mangé des sandwichs en regardant tourner le manège de chevaux de bois au rythme des vieilles chansons françaises et des rires des enfants. Sur le banc d'à côté un couple d'amoureux partageait un sachet de marrons chauds, je me suis dit que c'était dommage que ne puisse pas manger en dehors des repas, j'ai trop peur encore de la crise d'angoisse post-grignottage. Pourtant j'aurais bien envie un jour de partager avec F une crêpe, une gauffre ou des marrons pour nous réchauffer lors d'une promenade hivernale. Peut-être que j'essairai un jour où je serais de très heureuse.
Je voulais que N découvre la cuisine française, je l'ai donc emmenée le samedi soir dans un petit restaurant de la rue St Benoit, le Pied de fouet. Sur deux étages, il était tellement minuscule que l'on aurait dit une maison de poupée, les nappes à carreaux rouge et blanc, les petites banquettes et les boiseries donnaient un air très chaleureux. Le confit de canard, la salade de gésiers et foie gras ou le bourguignon ne coûtait pas plus d'une dizaine d'euro. Au dessert, nous choîsimes une part de tarte tatin mais j'aurais pu me laisser tenter par la tarte aux mirabelle ou le fondant au chocolat (surtout à 3 euro la part). Tout était très bien cuisiné et la serveuse très joyeuse, ce fut un bon moment de retrouvailles où nous pûmes évoquer nos souvenirs coréens.

vendredi 2 octobre 2009

La première bouffée de son odeur, lorsque je blottis mon visage contre son cou après une semaine de séparation, me remplit de réconfort. Il sent la sècheresse des feuilles d'automne et le tabac, une odeur que j'ai appris à aimer. Quand on est séparé, j'en arriverai même à vouloir fumer son tabac favoris pour me laisser imprégner par son odeur, mais je sais que ça ne marche pas, elle n'est appréciable qu'à petites doses, infiltrée dans le col de ses chemises ou dans ses cheveux. Je connais un garçon qui fume ces mêmes petites cigarettes roulées à la cow-boy et je me retiens toujours de venir me coller à lui lorsqu'il en allume une.
Ce soir, il faudra beaucoup parler pour compenser cette semaine emmuré dans un mutisme presque sans faille. Ce qu'il est fatiguant de se taire et de chercher les regards qui nous fuis. L'énergie que met P à m'ignorer et à me détester m'impressionne, je crois qu'il s'épuise encore plus que moi à cette mascarade. Quand P fait du boudin c'est à se demander qui est le père qui est l'enfant. C'est sûrement le signe qu'il est temps de passer des genoux du père à ceux de l'amant.
Nous irons boire un verre et il me consolera de mes malheurs car avec lui j'ai toujours raison et les autres sont tous des méchants, du moins temps qu'il sent que je n'accepterai pas encore la remise en question. On choisira notre camps pour la soirée déguisée Club Dorothé/Punk. Je lui raconterai à quel point E aima ses althères Bisounours. On rentrera et on regardera-encore-Charlie et la Chocolaterie parce que j'en ai trop envie et qu'il me dira oui, comme les hommes amoureux sont faibles:)

samedi 26 septembre 2009

fragile équilibre

Dans la rue je porte ma veste en cuir comme une coque protectrice, sur une robe légère cela fait un décalage intéressant. J’en aurais bien besoin à l’intérieur aussi, quand c'est la guerre sous mon toit. Mais bien sûr je ne porte pas ma carapace dans cette maison qui est censée en être une. Alors ça fait mal. Heureusement, demain c'est l'anniversaire de E, je lui ai fabriqué des haltères bisounours. C'est un peu mignon et un peu moche parce que c'est moi qui les ai faites et que j'ai un potentiel artistique d'une élève de maternelle supèrieure. J'espère que ça va lui plaire. Il organise un déjeuner avec le must de l'amitié. Je me demande ce qu'il préparera, fera t'il ressortir ses origines bretonnes où son amour pour la cuisine cubaine...
Cela me changera des déjeuners seule à la cafétèria ou quand je suis riche dans la boulangerie Kayser ou chez Lili's brownies. Ca me divertira des dîners Gestapo du cocon familial.
J'ai trouvé la douceur et la poésie qui me manque dans un joli roman, La Mécanique du Coeur. La mienne semble déréglée, les vannes du conduit lacrimal ont rompu. J'aime bien quand après avoir pleuré je me sens à bout de force mais sereine comme si j'avais lavé tout mon coeur, surtout quand j'ai fini par aller me réfugier dans ses bras et qu'après on va dehors au soleil pour respirer un peu...

vendredi 18 septembre 2009

le meilleur japonais du monde

Si je devais ne retenir qu'une chose de mon passage éclair en classe préparatoire littéraire, c'est ma rencontre avec MS. Nous sommes vraiment devenues amie lors du voyage d'intégration Sur les traces de Marcel Proust à Illiers-Combray. C'était un jour gris qui sentait la pluie. La visite avait commencé par la maison de Tante Léonie que nous trouvions toutes deux sans grand intérêt, sombre, viellotte et poussiéreuse. J'aime beaucoup les écrits de Proust mais reste insensible à la contemplation du lit duquel il pleurait sa mère des heures durant ou de la table de la salle à manger où il s'ennuyait lors des repas dominicaux. Mon ennui fut le même lors de la visite de la maison de Kafka et de celle de Victor Hugo, je n'arrive pas à m'extasier devant une chaise de bureau même ayant suppporté les plus célebres fesses du monde. Généralement, je n'arrive pas à m'attacher aux objets, je n'achète jamais de souvenirs et n'ai aucun bibelot. Cela explique peut-être mon étourderie et maintes clés, écharppes et accessoires en tout genre oubliés ou perdus.
Sortis de l'illustre maison, la pluie avait redoublé ce qui n'empêcha pas la visite des fameux jardins si minutieusement décrits dans les roman du cher Marcel. Ils sont sûrement magnifiques sous le soleil mais le froid, la pluie et les pavés et graviers glissants gatèrent un peu la promenade. Heureusement, MS et moi accompagnèrent cette balade du dernier CD de Phillipe Katrine qui nous remit du baume au coeur. Un peu trop apparemment, ce qui nous value un regard noir de la prof d'anglais consternée à la vue de nos balancements de tête trop vigoureux sur les bancs de l'église du village. Mais comment ne pas dodeliner du chef au son de Complètement VIP? Peut être avions nous amorcé une chorégraphie des bras, je ne suis plus sûre.
Durant les jours qui suivirent MS et moi devînmes inséparables, compagnonnes de colles, de pauses déjeuners et de séances de révision. Mais je reçus ensuite des résultats heureux qui me permirent d'aller voguer vers des horizons moins oppressants.
Nous avons toujours gardé contact malgré la distance et les études. Je lui envie ses longs cheveux cuivrés et ondulés et son large sourire très britannique. Elle porte toujours de grandes lunettes rectangulaires et des vêtements colorés. Comme elle est hypocondriaque, on se retrouve souvent après un de ses rendez vous chez des médecins qui ne trouvent jamais ce qu'elle a. Notre dernière rencontre eut lieu après un rendez vous très douloureux chez le mésothérapeute, spécialité qui m'était jusqu'alors inconnue.
Je l'ai emmené chez, selon moi, le meilleur japonais de Paris. C'est un petit restaurant à l'ambiance de cantine où l'on peut regarder les cuisiniers travailler derrière le comptoir tout en savourant son repas. Attendre les plats est une vraie torture tant on est affamé et envoûté par les odeurs qui volutent des tables voisines. Les gyozas à la garniture très fines sont justes dorés à point, les soupes de nouilles faîtes maison sont savoureuses et riches en légumes, lamelles de viandes et champignons. Les plats de nouilles sautés ou de riz accompagnés de poissons délicats ou de viandes marinés sont généreusement servi et me font fondre de bonheur à chaque bouchée. Ce soir là, je choisis un plat de riz recouverts de légumes marinés et de fruits de mer (coquille saint jacques et langoustines) que je mangeais malgré la portion gargantuesque jusqu'à la dernière bouchée. La soupe miso qui accompagne chaque plat regorge de gros morceaux de tofu moelleux et d'algues bien élastiques et tendres, elle est très salée comme au Japon. Les plats oscillent entre 9 pas les 13 euros et un seul nourrit pour la journée entière. Je fais découvrir cette petite pépite à chacun de mes amis et tout le monde m'idolâtre ensuite, j'ai trouvé le moyen de me faire aimer.
Adresse: restaurant Hokkaido, 14 rue Chabanais, Paris 2ème.
C'est dommage on a pas pris de photos, j'ai perdu le mien sur l'île de Jejudo et MS n'étant ni coréenne ni japonaise ne prend pas son appareil dans son sac pour aller au restaurant. Ce qui est je pense, une grave erreur.

mardi 15 septembre 2009

boutique rose pour rentrée grise


Sous un ciel gris et froid, j'ai retrouvé les bancs en bois durs et les minuscules tables du grand amphithéâtre. On y est tellement à l'étroit qu'il est impossible de croiser les jambes sous la table de même que de poser à la fois trousse et feuilles devant soi. Serrés comme des sardines dans une boîte de fer rectangulaire, je pouvais sentir le coude de mon voisin gauche à chaque fin de ligne. Cette promiscuité n'est pas sans rappeler celle du métro vécue quelques heures plus tôt. Et quatre ans plus tard je n'ai toujours pas la réponse de ce mystère: Pourquoi la ligne 4 est-elle -encore plus- surchauffée que les autres?

Prête à envisager une grève de la faim, j'ai finalement vaincu l'administration et pu m'inscrire en cours de coréen, même si d'après un doctorant très suffisant: "la Corée c'est surfait". Apparemment cette année, l'Ouzbékistan et le Yémen sont à la pointe de la fashionnité de la recherche en relations internationales. Puisque je ne suis pas sûre de la pertinence d'appliquer le concept de mode à un pays, je ne me formalise pas.

J'allais très confiante au coktail de bienvenue pour les étudiants étrangers asiatiques. J'avais oublié ce à quoi pouvait ressembler un laché d'une centaine d'étudiant chinois, coréens et japnais composé à 70% de filles devant un buffet de viennoiserie. Perdue et affolée dans un brouhaha et une marée humaine où je ne discernais aucune parole ni aucun visage, lâchement et à ma grande honte, je fuis....Pour découvrir quelques rues plus loin qu'une boutique Antoine et Lili a ouvert ces portes. Ma ruine est annoncée. Je rentre juste pour regarder dans ce petit écrin rose bonbon et ressort quelques minutes plus tard avec une jolie robe bleue dont j'excuse l'achat compulsif par tous les évènements précités. Achat qui n'a pas hélas freiner ma frustration car je rêve encore de ce joli manteau noir aux brodures de soie orange, à ces jolies bottines de cuir où à ces cache-coeurs en laine épaisse douce et colorée. Vivement noel.

mercredi 9 septembre 2009

pour les jours où y'en a marre


Comme à chaque rentrée je commence ma bataille acharnée avec l'administration de ma chère Ecole. Après avoir attendu 3/4 d'heure assise par terre sur un lino douteux.- rien que ce mot lino sonne sal- dans un couloir aux murs vieux jaune fatigué pas repeint depuis les années 70, on me fait enfin accéder au tant redouté Secrétèriat des langues hare de l'absurdité administrative. On m'annonce d'abord qu'il n'y a pas assez de conférences d'anglais niveau 4 par rapport au nombre d'élèves et que donc on me met en liste d'attente, qu'on me préviendra lorsqu'il y aura de nouvelles places pour que je revienne. Merci.

2ème étape le coréen: la seule conférence a lieu le mercredi après-midi, horaire auquel j'ai, bien sûr, un autre cours.

"Ah mais c'est pas possible, c'est un horaire banalisé pour les langues, vos responsables pédagogiques n'ont pas le droit de l'utiliser, il faut voir avec eux".

J'ai perdu ma matinée, le jeu de ping-pong entre les services administratif peut commencer.

Après avoir exposé mon problème à ma responsable pédagogique, je me vois répondre que j'ai deux solutions:

1) J'arrête le coréen et je choisi une autre langue

2) Je n'ai qu'à aller m'inscrire ailleurs

Je leur ai gentiment signalé qu'étant donné que nous étions 4 étudiant en coréen niveau 4, il me paraissait très étonnant qu'ils n'aient pu trouver un créneau horaire qui conviendrait à tout le monde. Pas de réponse...

Pour éviter de me taper la tête contre les murs il me fallait une gourmandise réconfortante:


Le pain perdu à la compote de pommes

Pour 6 personnes

- 6 tranche de pain (ou pain de mie) rassis

-25cl de lait

-1oeuf

-50g de beurre

-50g de sucre

-compote de pommes

-1 demi sachet de sucre vanillé


1) Faire chauffer le lait avec le sucre vanillé

2) battre l'oeuf en omelette. Verser peu à peu le lait bouillant

3) Mettre 2 tranches de pain dans une assiette creuses. Les imbiber rapidement de la préparation et les faire dorer aussitôt à la poêle avec le beurre. Bien surveiller car le beurre ne doit pas brunir)

4) Retourner pour dorer l'autre côté

5) Ranger les tranches sur un plat. Les soupoudrer de sucre. Tartiner de compote de pommes

C'est aussi très bon avec de la confiture

dimanche 6 septembre 2009

Petits déjeuners


Il y a les petits déjeuners les plus courants des jours où on n'a pas le temps, une tasse de thé qui brûle la langue, 4 petits gâteaux aux céréales miel-chocolat et on est parti à l'assaut des transports en commun. Il y a ceux des week ends à la maison: deux tasses de thé, des tartines bien dorées avec de la confiture ou un peu de miel et l'incontournable pomme du matin. J'ai une nettre préférence pour les confitures de fruits rouges en particulier la fraise ou la framboise malgré les petits grains qui restent dans les dents et vous titillent toute la mâtinée. Il y a les petits déjeuners coréens: soupe d'algues au larges "pâtes au couteau" ou bol de riz accompagné d'un peu de poisson. Ce n'est pas toujours facile à avaler mais comme à tout je m'y suis fait. Il y a les petits déjeuners chez F: deux tasses de café "jus de chaussette", yaourt, pomme, carré de chocolat pour moi et café-clopes pour lui. Il y a encore ceux plus tardifs chez F après des soirées plus ou moins arrosées et toujours très festives, à l'aise en tee_shirt et en caleçon on aime se faire livrer le petit déjeuner.

Il veut toujours des pizzas et moi de la nourriture japonaise. Commence alors un débat très constructif sur: Comment aux délicats sashimis peut-il préférer des pizzas de contrebande qui luisent et laissent une épaisse couche d'huile sur le carton de la boîte? Pour éviter de trop longues parlementations qu'il abandonnera de toute manière en premier je ne lâche jamais -déformation étudiante- on passe donc deux commandes et on constate que le livreur japonais est plus rapide que le livreur de pizzas.

Il y a les petits déjeuners où je n'ai pas faim, pour ne pas violer mon interdiction à sauter un repas j'aime manger 3 petites galettes de riz soufflé avec un peu de confiture et une orange. Il y a ceux, rares, où j'ose plonger mon couteau dans le pot de Nutella, où j'ose m'en faire deux tartines et où je parviens à ne pas me sentir mal à l'aise. Il y a ceux avec E dans des cafés parisiens, souvent près de Saint Michel. On boit du thé dans lequel il rajoute un nuage de lait et des pains au chocolat bien feuilletés. Notre dernier rendez vous fut un peu triste, lorsqu'il m'annonça qu'il s'était faire renvoyer des Scouts d'Europe lorsqu'ils avaient découvert son homosexualité. Outrée, je me lançai dans une tirade interminable et enflammée sur l'intolérance et le sectarisme de certains extrémistes arriérés qu'il coupa d'une étreinte: "C'est pour ça que tu seras la seule fille qui aura réussi à me passer la corde au cou". Ce matin là, au thé on préféra le chocolat chaud au plus haut potentiel de réconfort.

J'aime rencontrer des amis pour un petit déjeuner. C'est une atmosphère plus douce, détendue et intimiste qu'un dîner ou qu'un déjeuner. Les sensations sont plus fraîches et plus à vives, on se sent encore un peu engourdi, un peu fragile. On partage un moment rarement partagé avec d'autre que l'amoureux ou la famille proche. Le tout est de trouver des amis qui se lèvent tôt...

dimanche 30 août 2009

cookies et magret

Sur mon lit en train de lire Colette, le téléphone sonne:
"Salut c'est P, tu fais quoi là"
"Rien"
"J'ai une course urgente à faire et je ne peux pas sortir de chez moi"
"T'as besoin de quoi?"
"Du magret de canard"
"....??"
Comment peut-on avoir un besoin urgent de magret de canard à 15h?
"C'est pour mon chien, il manque de globule rouge il lui faut de la viande et il raffole du canard...il est très malade"
"Ok j'arrivve"
"Et ramène aussi des cookies tout choco"
"...??"
"Pour moi pas pour le chien"

vendredi 28 août 2009

Journal et croissant

Libération, petites anonces: "Un lecteur de Révolution russe à une lectrice de Camus. Egaré mon regard sur tes cheveux blonds. Rencontré train vers R...sur la route pour précher le marxisme/ A bientôt pour discuter peut-être" . Aucun doute il s'agit de moi. Je me souviens de cette nuit, il était très tard c'était le dernier train. Il me faisait face assis à ma diagonale, cheveux noirs bouclés et veste en velour élimée. Je m'étais étonnée de cette tenue hivernale en juillet. Une vague attention vite détournée par ma lecture. Je ne lis jamais les billets doux, pourquoi l'ai je fais ce matin? Serait-ce un signe du destin? Mes yeux se lèvent vers F derrière son bol de café; je ne répondrai pas. De toute façon je n'ai jamais cru à la destinée.

J'ai une mémoire photographique, je n'oublie jamais les nombres que j'ai vu. Je me souviens encore du code d'entrée de l'hotel où nous avions passés des vacances en République Tchèque il y a 3 ans: 1237, ou celui du train qui nous emmena à Dax la semaine dernière: 7940, quai 2 voiture 16, siège 21 et 22. Alors comment ai-je pu, par une défaillance technique incompréhensible de mon cerveau, oublier tous les codes de mes cartes de crédit. Depuis 2 jours je cherche en vain, je retourne toutes les combinaisons de chiffres dans ma tête mais rien ne correspond. Plus je cherche plus je me perds, l'oubli devient irréversible. L'expression trou de mémoire prend tout son sens, je me retrouve face à un vide noir angoissant qui semble de plus en plus profond. Je préfère arrêter de creuser avant de devenir folle.
Je n'ai jamais acheté d'agenda car je me souviens toujours de tous les rendez vous, horaires, dates, devoirs à rendre. Comme je n'ai pas noté que j'ai rendez vous le 14 septembre à 10h avec le docteur C, que le cabinet sera au 3ème étage à gauche, pour la simple raison qu'il est impossible que j'oublie.
Pour me distraire de ma gymnastisque cérébrale j'accèpte une invitation de A au café, elle arrive sourire aux lèvres et me tend un petit papier froissé un peu jauni. Deux écritures se mêlent "Les communistes volent l'eglise avec des gants rouges". J'en ai le souffle coupé, je nous revoit toutes les deux sur un banc de la Place de la Mairie entre un cours de maths et de physique, nos premiers cadavres exquis. Nous étions tellement sur la même longueur d'onde qu'ils avaient presque du sens. On écrivait souvent en mengeant des Gourmandises aux poires ou des fondants au chocolat de l'Ile aux gateaux. Elle aimait aussi s'arrêter au Mac Do après les cours de natation pour aller prendre un deuxième petit déjeuner, je trouvais ça peu digne de la si fervente communiste qu'elle clamait être. Depuis je suis plus indulgente et ai compris que la contradiction est l'une des principales caractéristiques de l'être humain.

jeudi 27 août 2009

L'odeur sèche des pins, du sable et de l'air salé ont ravivé en moi des souvenirs olfactifs de l'enfance. La terre sablonneuse crissait sous chacun de mes pas, je tendais l'oreille pour entendre le bruit de l'océan derrière les dunes. Les valises à peine déposées on prit le chemin de la côte sauvage pour espérer un peu de solitude en ces temps estivaux. Les pieds s'enfonçaient dans le sable des chemins dissimulés dans les forêt de pins dont les épines nous piquaient les pieds. C'est essouflés qu'en haut de la dernière dunes nous vîmes enfin l'océan, la marée montait en de grosses vagues tumultueuses. Il me regarda courir le long de la dune et je crois qu'il me désirait dans ma robe blanche. Les vagues trop fortes nous empéchèrent de nous aventurer bien loin mais je me laissais refouler plusieurs fois sur le rivage à grand cris de joie. Les cheveux et les maillots remplis de sables on s'éloigna un peu de l'eau agitée pour une longue promenade les pieds dans l'écume des vagues. Tous ces efforts méritèrent une sieste au soleil, un écouteur pour deux au son de Portishead. Sur le chemin du retour, il me proposa une glace, j'hésitai longtemps entre un sorbet et une crème glacée,ma gourmandise lui paraîtrai t'il un mauvais défaut? Il choisit vanille et caramel ce qui me convainquit de me laisser tenter par le chocolat noir et la réglisse. Il a aimé mes moustaches en chocolat, les cheveux bouclés par l'océan et le vent j'avais l'air d'une enfant.
Le soir, dans la Mercedes des années 70 de A, on roula un peu trop vite jusqu'au port. On trinqua au champagne à de belles retrouvailles. Lorsqu'il nous raccompagne l'air était encore tiède, on prologea donc la soirée par une virée nocturne à la plage pour regarder les étoiles filantes. J'en comptais trois mais ne fit pas de voeux, tout était si parfait. Je me laissai caresser tendrement, dans ma robe blanche il me fantasme tellement.
On a mis du sable partout dans la chambre et les draps grattaient. Encore une fois il s'assouvit trop vite. Vexé il sortit fumer une énième cigarette, il a peur de me perdre. S''il savait à quel point cela n'avait pas d'importance.

jeudi 20 août 2009

mots clés 2

Virée au Bas fond accompagnées des enfants qui chantent, fruits de liane, petit âne qui trotte dans l'eau en traînant une lourde charette, ricochés dans l'eau.
Excursion en car, mines d'or, gateaux locaux, maquis, panne, un petit air de Little Miss sunshine, poussière blanche, vautour
Les bébés noirs naissent blancs, chant en Moré, journée de travail au dispensaire, envie de pleurer, mal au crâne, nattes, contre vents et marées.
Femmes qui se battent pour la distribution de nourriture, grand débat sur l'existence du diable et de la possession par les mauvais esprits, tatouages au hénné.
Claustrophobie au dispensaire, on se sent utiles, sac de haricot et de farines, on sent le pipi, douche, dormir enfin.
Elèves turbulents, skittles violets, parties de tarots à l'ombre des baobabs, début de la géométrie, flemme.
Distribution d'huile, prêtre mélomane, scoubidou avec les collégienne, DJ Honoré, danses tribales, hénné raté sur les pieds, larme au coin de l'oeil, buffet de plats typiques, fou rire, j'ai découvert l'Afrique

jeudi 13 août 2009

rancoeur et pizza

Il y a des soirs comme ça où après une journée parfaite on devrait s'abstenir de lire ses mails où des revenants indésirables refont surface. "Je te prie d'excuser le geste discourtois et criticable que j'ai eu à ton égard". Je n'arrive pas à la digérer cette phrase, elle est pire que toutes les crises de foie bloquée comme une boule au creux de mon estomac. Un geste discourtois de m'avoir laissée tombé par textos alors que je ne tenais plus qu'à un fil. Après m'avoir poussée à étudier toujours plus, jours et nuits parce que je te prenais pour le grand maître, bel énarque. Après m'avoir aidé à faire les rouleaux de pièces que je cachais sous mes vêtements. Et quand c'était trop tard, incontrôlable de fuir en évitant le face à face. Presque en me laissant pour morte. Et tu voudrais que je lave ta conscience en donnant signe de vie maintenant, je ne te ferais pas ce plaisir. Tu voudrais te rassurer et savoir si je vais bien, tu ne le sauras pas. Tu oses réapparaître dans ma vie sans prévenir alors que je renais doucement. Des souvenirs de jours noirs refont surfaces encore et par ta faute, je ne veux pas me laisser aller à ces malheureuses réminescences. Je préfère repenser à cette pizza estivale que je venais de finir. Une pâte bien craquante recouverte de sauce tomate et de belle tranche d'aubergine, de courgette et de morceau de champignons. Tout cela juste revenu dans l'huile d'olive toscane. Le tout était recouvert de Mozarella di Buffala et d'un peu d'origan. C'était croustillant, c'était fondant. Et en dessert, j'avais choisi la glace à la pêche pour sa douceur gourmande et rafraichissante, je l'ai longuement laissé fondre sous ma langue. Alors, tu vois oui je vais mieux mais je te laisserai dans le doute de ta lâcheté.

lundi 10 août 2009

Firenzi

Passé les Alpes, on longe la Riviera où l'eau de la mer et le ciel se confondent presque. Une chaleur torride que j'apprécie sous le regard incrédule de P qui réalise que son corps est sans conteste composé de 60% d'eau. L'hotel, un peu éloigné de Florence offre une piscine dans laquelle je plonge à peine les valises déchargées. J'observe hilare les italiens en maillots de bain moulant de préférence rouge, jaune ou violet se pavaner au bord de l'eau torses bombés et roulant des épaules. Ils ont l'air de gros coqs à l'affut de la poulette esseulée. C'est tellement proche de la caricature que s'en devient plaisant. Les femmes aussi se pâment, elles ont des formes et en sont fières. Je me croirais devant une parade de paons.
Le village le plus proches comptent de nombreuses petites places et autant d'églises cachées au coin des dédales de rues étroites et pavées. Vides le jour elles se remplissent d'une foule étonnante la nuit. Le village paisible se transforme en quelques heures en un grand café de plein air théâtre, cette fois, d'une parade nocturne haute en talons et en décibels. Les gens de tout âge sont assis sur les terrases mais aussi sur les marches et les murets de la ville, un verre à la main dans des tenues de la plus haute élégance. On aime se faire regarder. Alors je ne me prive pas de reluquer telle la vicieuse l'homme italien en goguette. Hélas le mâle gominé, moulé et clinquant ne fait pas fondre mon coeur.
Dans une petite pizzeria à l'air anodin, on mange de délicieuses pizzas à la pâte fine et craquante et à la garniture raffinée, mozarella di buffala et jambon cru maison coupé en tranches presque translucides. Un vin toscanien épais à l'arôme puissant m'enflamme rapidement les joues et me fait briller les yeux.

vendredi 7 août 2009

mots clés 1

Ce cahier sert de carnet de bord et accessoirement de cimetière d'insectes.
lever 6h30, confiture de mangues, visite de la Todin, labourage, semage, âne, kapokier.
Course dans les champs sous la pluie, tempête de sable, "plutôt la mort que la honte", épluchage de cacahuète, fauteuil mouelleux du curé.
"des gros raisins avec des gros noyaux " "euh, des dattes quoi?!"
"Aujourd'hui ça devait être une bonne journée" "Dis plutôt une journée..." : mal de ventre, accident de voiture dans les tas de terre, grosse médecin habillée en Chanel.
Ceci est un cloporte immonde empalé par C.
Réveil loupé à 4h, C a failli se faire bouffer par un caîman, "je crois que tu t'es assise dans la pisse", messe de 6h du matin, visite au Bas Fonds, calebasse de dolo (bière) tiède sur fond de pantalon blanc, vive les aubergines, 3 énormes plats de riz, arnaque au bus de Yako, bébé raciste, débat sur l'homosexualité avec les soeurs.
Cours avec les primaires, mange ta bouillie et ton foie, sieste, chateau de carte, inauguration du nouveau puit, mariage.
La moitié de l'équipage a été décimé par la courante, poussée d'exéma sur le bras, fatigue.
Cueillette des feuilles de baobab: sauce verte ignoble de feuilles de baobab. Reportage sur la malnutrition, gros sacs du PAM, douche proche de l'extase, on refait le monde. Débat sur la chirurgie esthétique et Israël.
Cinéma en plein air, la mélodie du bonheur
Découverte d'un nouvel insecte: la scolopendre rouge à 1000 pattes.
On nous offre des oeufs, rencontre avec le préfet pro Sarko, visite aux vieux du village, crépage de chignon pour les derniers Skittles rouges, on se goinfre de chouchous dans la salle des profs, je frôle l'amputation du bras droit, longue marche, terre rouge.
"Pourquoi c'est toujours avec MA chaussure que tu écrases les araignées?" "Parce que c'est la plus moches"

mots d'enfant de l'autre bout du monde











YOUSSEF: " Je raconte cette semaine à la Todin. Il y a des blancs qui sont venus pour nous esseiyer à lire et à écrit à parler bien le français. C'est commencé lundi passé. Ca va bien la journée mais je veux un vélo. Vous avez fait bien pour nous. Si j'avais un cadeau je te donnerai. Je vous demande votre pays c'est où. Merci et bientôt au revoir."




HERVE ( j'ai cru qu'il s'appelait Laurent pendant tout le voyage vu qu'il n'a jamais osé me dire que ce n'était pas son nom lorsque je l'appelais comme ça): "Je vous remerci pour ce que vous avez apporter depuis la chémaine passé. Vous avez perdre votre temp pour nous apprendre beaucoup de chose que nous ne connaisse pas bien. Vous avez bien fait. Je vous demande si votre pays se porte bien."




PASCAL: "La semaine passé c'était bien parce que vous avez bien aider nous avec les mot et le français et je vous dis que vous avez bien fait. Moi dans la journée je suis content avec vous. Je vous salue avec votre famille.




BABO: " Pour la semaine c'était bonne. On a étudié beaucoup de chose dans la journée des problème, des calcules, des mate. Je remercie très bien de cette nouvelle journée. Je suis très content de vous car y avait beaucoup de mervaille. Je vous salue beaucoup pour tout ce que vous avaient faire dans la semaine. Merci beaucoup, le seigneur vous bénisse. Quand vous êtes venu nous sommes ravi. ok."




"BOUREIMAN: "Cest bon de faire cette lettre pour cette semaine. On a fait beaucoup de choses dans la journée des dictées des mates. On a beaucoup appri et je vous aime bien. Merci.
En faisant mes valises je suis retombée sur ces lettres qui me font encore fondre le coeur. Crise de sentimentalisme aigue.




dimanche 2 août 2009

Des macarons au chocolat ou au café je n'arrive pas à me décider lequel est le meilleur. L'idéal serait peut-être un macaron au croustillant goût chocolat et au fourrage au café. Car il m'est toujours impossible de décider devant le plateau, et en prendre deux d'un coup ne serait pas très correct. Je mange toujours un carré de chocolat noir avec mon expresso auquel je n'ajoute jamais de sucre ce qui au dire de la sagesse populaire me trouera l'estomac. C'est bien dommage. Je ne sucre jamais mon thé non plus ce qui relevrait pour moi du sacrilège, on ne pollue pas des saveurs si délicates. Le thé se boit "pur", le chocolat se mange noir et le nutella s'étale à la cuillère qu'on est ensuite obligé de lécher pour la nettoyer puisque, contrairement au couteau, il est impossible d'y racler l'intèrieur contre le pot. Questions de principe.
J'adore recouvrir les petits pot de crème au chocolat noir de crème chantilly. C'est mon petit vice du moment. Un peu avant c'était les bananes trempé dans le pot de nutella. Mais je ne peux pas m'empécher de lire le nombre de calories sur les papiers d'emballages. C'est ma petite névrose. J'ai une calculatrice dans la tête. Heureusement, de plus en plus elle s'en va. Et puis comme ça, F m'emmène au restaurant où il n'y a pas d'emballages. On mange des bibimpaps et des smoothies à la framboise.
Par ces temps lourds, j'ai des envies de mousse au citron et de pastèque très charnues. J'ai toujours l'impression de mordre dans des énormes gencives. De pêches tellement parfumées qu'on dirait des roses. Si le printemps est une saison très olphactive, l'été est la plus savoureuse.
Des formes se dessinent, des courbes et des bosses. J'ai même les cheveux qui bouclent moi qui les ait toujours eu d'une raideur affligeante. Une folie capillaire indomptable et subite. Ne reste qu'à tenir et arrêter de compter, pourtant j'ai toujours détesté les maths. Les chiffres ont toujours été mes ennemis.

samedi 1 août 2009

papa a bu une bouteille de vin, il est parti en voiture, il pleurait.

lundi 27 juillet 2009

Des pierres jaunes sous le soleil, un ciel presque bleu roi tellement il est vif, mes yeux peuvent à paine supporter le contraste éboulissant. Bien sûr, j'ai oublié mes lunettes de soleil. Sur les pavés inégaux arrive bringubalante une minuscule Coccinelle jaune, à son bord, la tête dépassant du toit ouvrant, une jeune femme habillée d'une robe blanche à pois rouge et d'un chapeau de paille. Elle chante à tue tête sur la musique des Rita Mitsuko "Andy, dis moi oui". Je pénetre dans une enclave fantasmagorique, peuplée de personnages étranges et colorés. A ma droite, une farandole de préadolescent vétus de costumes et tailleurs noirs et de perruques bleues. Je me retourne, apostrophée par une jeune fille en robe blanche qui porte sur la tête un casque rouge de chantier.
Je ne rêve pas éveillée, je ne suis pas plongée dans un film de Tim Burton, je n'ai toujours pas fini internée en hopital psychatrique, je me suis offert quelques jours au festival D'Avignon.
Des théâtres improvisés ont émergés par centaines des pierres des chappelles et c'est avec plaisir que je m'y réfugie bien au frais pour une escale culturelle mais surtout de détente. Je varie les plaisirs, un drame précède un spéctacle musical auquel succède une comédie pimentée.
Entre deux pièces, à la terrasse d'un café, je sirote une menthe à l'eau en regardant passer un énorme monocycle qui traine un piano sur lequel une jeune femme joue un air mélancolique.
Je suis émue par un petit couple de vieux: "tu sens bon la gaufrette, la gaufrette à la vanille". Je revois mes grands-parents et les gaufrettes que je mangeais chez eux, le dimanche après-midi pendant que les adultes jouaient aux cartes. Je séparais les deux couches de gaufrette et léchait la crème au milieu parfois au praliné parfois à la vanille. Plus tard, je leur préférais les petits palmiers recouvert de sucre cristal, puis les petites barquettes surtout celles au chocolat.
Je quittai les rues ensoleillées pour aller rejoindre l'univers glacial de l'hiver russe, "L'enfer c'est le froid", il n'y est de plus grande vérité. Je voyageai à trabers les époques, de l'Empire aux années 50 jusqu'à notre décénie et souvent dans le désordre. Les voyages de l'esprit succèdent aux périples du corps.

mercredi 22 juillet 2009

manger plus pour travailler plus


Certaines personnes disent que je suis obstinée, moi je préfère le terme déterminée, et mon objectif cet été était de me défaire de ma peur de parler en public. J'ai donc choisi un travail d'été en tant que guide touristique dans une compagnie de bateaux mouches. 8 fois par jour, pendant une heure, je dois faire face à 300 paires d'yeux plus ou moins-bien- attentionés et parler pendant une heure en français et en anglais de l'histoire des plus grands monuments de Paris et des ponts de la Seine, je crois qu'après une telle cure m'exprimer en public ne sera plus un problème. C'est un peu comme lorsque j'étais petite et que je me forçais chaque été à partir en colonie de vacances même si j'en avais des brûlures d'estomacs plusieurs semaines à l'avance car j'étais persuadée qu'il fallait que j'apprenne à me sociabiliser.

Le cadre de travail est sympathique, petit vent frais dans les cheveux, musique sur les quais de la Seine et surtout les illuminations la nuit... C'est moins bien lorsque l'on se fait verser des bouteilles de bières sur la tête en passant sous les ponts.

Le patron chouchoute ses employés, le matin nous sommes accueillis avec des viennoiseries, du thé et du café. Un patissier à la retraite s'occupe de nous mitonner de délicieux déjeuners et dîners. Les multiples desserts s'étalent sur le comptoir: mousse au chocolat, tarte au citron meringuée, flan à l'orange ou tarte tatin, tel est le choix qui nous est proposé. Et pour le plat de résistance, des mêts tout aussi alléchants: frites et magret de canard, riz cantonais et pavés de saumon, pintade et ratatouille à la provençale. La devise du chef: manger plus pour travailler plus.

Toutefois, répéter inlassablement le même discours 10, 15, 30 fois par semaines commence à me rendre folle. Je deviens un véritable robot, les mots sortent de ma bouche automatiquement, mes bras se lèvent à droite et à gauche comme un pantin. Ca fait un peu peur. Pour éviter de devenir un automate désincarné, je fais des petites blagues, je me transforme en comique pour mon public, qui l'aurait cru! Je me découvre, au fil des jours, une aisance que je ne m'aurais pas soupçonnée. J'adore me forcer pour me dépasser, bizarrement je suis comme attiré par mes propres peurs. Je veux me surmonter parfois au mépris du danger, à la frontière de la folie.

Je me trouve l'air gauche dans mon uniforme un peu trop grand, la veste aux épaulettes trop large et la jupe qui descend trop bas me donne un air un peu perdu et fragile qui attendrit les toursites je crois.

Je m'amuse beaucoup à faire une étude sociologique du touriste de bateaux mouches: des familles, des amoureux, des groupes de voyages organisés et- oh horreur!- des groupes scolaires hurleurs et tapageurs. Les touristes espagnols sont de plus loins les moins civilisés et les plus agressifs, sans aucuns respects ils parlent forts et font des scandales quand je leur dis que "sorry I don't speak Spanish". Si bien que chaque guide fait une petite prière avant chaque départ pour que son bateau ne soit pas rempli d'un groupe d'espagnols en furie. Les asiatiques restent calmes et impassibles mais applaudissent très fort. Les anglos-saxons s'émerveillent de tout et laissent de gros pourboires. Les hommes en général sont beaucoup plus généreux que les femmes, sûrement car je suis une fille. Les groupes d'enfants s'amusent à crier sous les ponts ce qui est drôle et attendrissant pour les 5 premiers et devient très vite insupportable pour les 32 suivants. Ma tête et mes pieds sont très lourds... Mais heureusement pour me remettre je sais qu'il y a toujours une bonne part de gateau qui m'attend à la sortie du bateau.

A coup de grands battements de cils, j'ai réussi à soudoyer au cuisiner sa recette de soufflé au fromage:

soufflé au fromage (pour 4)

4 oeufs

50g de beurre

2 cs de farine

150g de conté ou emmental rapé

1/4l de lait

sel

poivre

noix de muscade

Faire fondre le beurre. Ajouter la farine et faire cuire 5 minutes. Ajouter le lait. Faire cuire en béchamel. Ajouter le rapé puis hors du feu les jaunes d'oeuf. Puis les blancs en neige. Cuire au four 250C° 35 à 45 minutes.

mercredi 15 juillet 2009

Une mouche bourdonne coincée entre la fenêtre et mon store à demi fermé pour me protéger de la chaleur estivale. Débile. Elle m'agace mais je ne la libère pas, elle s'agite et puis s'arrête. Je me demande un peu cruelle si elle réussira à se délivrer elle même. Ou perdrais-je patience avant? C'est une mouche obèse et noire, si j'y pense trop j'arrive à en avoir la nausée. Ca me rappelle que je devrais lire Sartre. Je devrais aussi sortir pour faire de la photo ou descendre les escaliers pour aller cuisiner. Mais pour cela il faudrait me lever et aujourd'hui je ne suis qu'une grosse masse molle, flemmarde. Ma flemme m'angoisse, ne rien faire c'est engraisser, je dois apprendre à ne rien faire. Je n'arrive pas à me concentrer, les livres m'échappent des mains. Un après midi qui s'étire à l'africaine. Je me souviens des longues heures passées à ne rien faire assise les pieds dans le sable à discuter les filles, assomées par la chaleur sur des nates colorées. Les parties de cartes s'enchaînaient entrecoupées de courses à mobylettes et de séances douloureuses de tressage de cheveux. Le soir on se promenait avec les enfants jusqu'au marais où l'on espérait toujours apercevoir des aligators ou bien jusqu'au marché pour regarder les tissus chez le tisserand. Le temps avait une autre dimension là bas, plus lent et plus tranquille. L'atmosphère était plus crue due aux couleurs vives de la nature, des ocres brulants, des ciels gris anthracites profonds et orageux. Le calme des grands espaces contrastait dramatiquement avec le confinement de l'hopital, le bruit des pleurs des enfants, l'odeur d'urine, des cinquantaines de mères faisant la queue dans l'espoir de récolter quelques sac de farines. Des après midi à courir le mètre-ruban à la mains pour mesurer les tours de bras des enfants, les serrants au maximum pour qu'ils passent en dessous de la barre des 13cm qui leur donnait accès à la si précieuse nourriture. Moi qui n'avait jamais connu la faim, je me voyais dire Non désolé je ne peux rien vous donner, vous devez repartir maintenant. Et quand je retrouvais le calme de la brousse le soir, je regardais dans le vague et je revoyais leur visage. Mais il y avait toujours les enfants de l'école que l'on retrouvait chaque matin pour la classe qui nous donnait le sourire par leur joie de vivre. Ils écoutaient toujours très attentivement nos leçons et s'appliquaient beaucoup aux travaux d'écriture même s'il devaient économiser l'encre de leur stylo et les pages de leurs cahiers. Ils nous offraient des mangues et des cacahuètes, nous apprenais des chansons et le Morée. Là bas j'étais utile et ici je ne sers pas à grand chose. La mouche est toujours coincée.

vendredi 10 juillet 2009

Quand H rencontre C

Dans la série des grandes retrouvailles post expatriation, hier ce fut avec H que je passais la soirée après une rude journée à m'égosiller sur des bateaux mouches. Au moins ce jour là, je ne m'étais fait vider aucune bouteille de bière sur la tête en passant sous le pont des Arts, les gens ont parfois des jeux bien stupides....
H et moi avont une longue histoire qui a fait des vagues, fait verser des larmes et surtout fait connaître des moments intenses de joie et de rires. Nous avions 15 ans, en voyage linguistique au fin fond du Pays de Galles. Ensemble, on s'est promené sous la pluie, on s'est baigné dans la Manche, on a mangé des sandwichs au concombre et surtout il m'a fait rire, rire comme je n'avais jamais ri, à en tomber par terre et à ne plus en pouvoir marcher. Et le dernier jour, on s'est embrassé dans un pub, je ne me souviens plus de la musique mais elle était ringarde et je trouvais ça un peu dommage, c'est surement pour cela que j'ai préféré l'oublier.
Etonnament, l'histoire a continué à Paris...Il m'aimait si fort ce beau brun à lunettes, d'ailleurs il serait interessant de comprendre pourquoi presque tous mes petits amis portent des lunettes. Mais moi je n'étais pas prête à être aimée comme ça, même si je jouais aux grandes c'était un peu effrayant, alors sans trop de raisons je l'ai quitté, j'ai brisé son coeur. 6 mois durant plus de nouvelles et puis un jour un appel, "Rendez vous à l'heure à l'heure pour un café?" La cicatrisation était terminée, une belle amitié pouvait commencer...Car on était pareil tout les deux: les pommes, le chocolat, la politique internationale, le vert, l'ambition, Paris, rire, les palymobils, les longues balades.....Il a rencontré M, de mon côté j'ai vagabondé, rien de bien interessant. Puis j'ai rencontré F, qui, en y réflechissant est l'opposé aussi bien physique que dans le caractère de H. C'était bien, c'était bon mais quand je voyais H des sentiments troublants renaissaient de plus en plus difficiles à nier. On a résisté encore et encore et puis on a joué au jeu dangereux du Tu viens dormir à la maison? Alors, inévitablement, une période de flirt à commencer, j'ai été infidèle honte sur moi, un petit jeu pas très sain, un secret encore aujourd'hui... H et M se sont quittés, j'aimais trop F pour cela. Incapable de faire un choix, trop lâche peut-être. H a dit Je t'attendrai toujours...Mais bien sûr, il a finit par se lasser le pauvre homme. C'est alors qu'il a rencontré une autre C. On a arrêté cette amitié amoureuse qui ne menait à rien. Et bien sûr c'est là que je me suis rendue compte à quel point j'aimais H, ce n'était pas normal d'avoir si mal lorsqu'il ne m'embrassait plus, lorsque j'étais privé de ses calins. Mais il était si heureux avec sa C, alors je me suis tue... D'humeur noire, j'ai commencé à m'effacer, j'ai beaucoup étudier, j'ai brillament réussi, j'ai rompu avec F, j' n'étais que matière grise... Et puis prise d'un coup de folie, un matin à 8h, j'ai appelé H et j'ai tout avoué, j'ai vidé mon coeur, des flots et des flots....Heureusement il était assis, j'ai ressenti le choc dans sa voix même si je ne le voyais pas. On s'est revu, il m'a à peine reconnue....Mais j'avais trop attendu, son autre C était moins indécise et moins folle surtout je crois.
Quelques mois en Corée m'ont permis de me réparer, de son côté classe préparatoire et formation militaire -mon Dieu quelle horreur-l'ont privé de toute vie sociale. A Noel quand je suis rentrée pour quelques semaines F et moi nous nous sommes retrouvés et aimés comme jamais, H et C ont rompus...
Pour le consoler je l'ai emmené voir les vitrines et les marchés de Noel, on a acheté un gros sac de bonbons multicolores anglais aux parfums excentriques qu'ont s'amusait à essayer de deviner. Il n'avait pas tant changé....Notre amitié retrouva un équilibre, je crois...
Et hier autour d'une pizza puis d'une mousse au chocolat on a beaucoup parlé...C'était comme avant. Sur un banc de l'ile Saint Louis, la tête sur son épaule je me suis sentie bien, il faisait un peu trop frais. Il m'a dit qu'il ne voulait plus aimer pour l'instant, avec F je vis de beaux moments d'amours...laissons aller ainsi...C'est doux et insouciant, j'aime...

lundi 6 juillet 2009


Il y a des choses que l'on n'aimerait ne pas découvrir, c'est à se demander si vivre dans l'ignorance n'est pas parfois une meilleure solution si elle peut nous épargner tant de souffrances et de remords. Surtout lorsque l'on n'est pas sûre de très bien comprendre le sens de cette révélation et qu'on est totalement impuissante face à elle. Qu'attend elle de moi? Pourquoi m'ont ils fait lire ça? Pourquoi tenait-elle dans ces bras cette photo de moi lorsqu'on l'a retrouvé dans son petit lit sur ses draps rouges je l'imagine? Pourquoi a-t-elle inscrit au dos "Comment a-t-on pu laisser une si jolie petite fille se faire autant de mal?" Quel est le lien? Aurais-je tellement perdu le contrôle de la conséquence de mes actes?

Je ne peux supporter d'imaginer que j'ai pu être la cause d'un acte aussi radical de la part de la personne que j'aime le plus au monde. Serais-je l'élément déclencheur? Coupable d'avoir ignoré l'influence que j'avais sur elle, coupable d'avoir pu lui laisser penser que la vie n'en valait pas la peine. Coupable mais à quoi sert de regretter? Coupable mais comment réparer?

Heureusement, il est encore possible de réparer, je n'ose imaginer si elle avait atteint son but. Voulait-elle d'ailleurs vraiment l'atteindre?

Je ne voulais pas l'abandonner, comment a-t'elle pu le croire? Et pourquoi un comportement si distant à tout échange face à des écrits trop plein d'amour?

Est ce qu'elle m'admire, me jalouse, me déteste ou m'aime? Veut elle que je lui parle, que je l'attende ou que je l'embrasse? Tout à la fois...?

Et moi je reste là, immobile et muette, je tente quelques gestes, impuissante. Je cherche les mots sans succès. Je la regarde en cherchant un sens, tout est si contradictoire.

Dès que je la vois maintenant, je réalise que j'ai failli commettre un crime. Si se détruire c'est détruire les gens qu'on aime alors peut-être qu'être heureux c'est rendre heureux les gens qu'on aime. Alors pour elle, je vais déborder de joie, d'optimisme et d'amour, pour essayer de réparer...

Because it worths
Et parce qu'il a la saveur de nos mercredi après-midi d'enfance:
Gateau de voyage:
4 oeufs
150g de sucre
200g de farine
110g de beurre
1 sachet de levure
80g de poudre d'amande
2 citrons non traités
Prélever les zestes de citrons en fins filaments
Les faire confire pendant 4 minutes à couvert et à feux doux dans le jus des citrons aditonné de 60g de sucre.
Fouetter les jaunes d'oeufs avec le reste du sucre jusqu'à obtenir un aspect bien mousseux.
Incorporer la farine à la levure et à la poudre d'amande. Ajouter le beurre fondu et les zestes confits puis les blancs battus en neige.
Faire cuire au fous à 180C° 45 minutes
Faire refroidir avant de démouler.

mardi 30 juin 2009

douceur et mal au coeur

J'ai retrouvé A avec émotion, elle semblait aller mieux, elle avait repris des couleurs, ces cheveux noirs et épais tombaient élégament sur ses épaules. Les bourdonnements dans ses oreilles qui l'avaient rendue folle avaient enfin cessé. Elle portait une petite robe fleurie dont la féminité m'étonnait de sa part, je devinais une histoire d'amour naissante.

Je fus émue de la délicatesse de l'architecture et des pierres du quartier du marais qui contraste tellement avec mes souvenirs encore frais des tours et du béton de Seoul. Ce fut mon premier choc culturel inversé. J'achetais une robe légère en voile bleu-gris qui s'attache sur les épaules par de larges rubans rouges. Cet achat augmenta le nombre de ma collection de petites robes à 12, deviendrais-je compulsive? J'avais aussi envie d'un chapeau et de chaussure rouge, hélas rien de séduit mon humeur.

Après une douloureuse humiliation dans un magasin de jean où une vendeuse me proposa, pas méchament pourtant: "essayez la taille enfant, cela vous conviendra mieux", nous décidâmes avec A qu'un gouter au Loir dans la théière s'imposait.

Je choisissais, sur le comptoir croulant de gateaux qui font briller les yeux et pétiller les papilles, une part de tarte aux pêches avec une fine crème vanillée et quelques éclats de pistaches. A opta pour le crumble aux fruits rouges. Je fus particulièrement impressionnée par une tarte au citron recouverte d'une meringue haute d'une dizaine de centimètre, je me demandais quelle texture pouvait avoir en bouche ce gros nuage sucré.

Les jeunes serveurs aux cheveux rasés et à l'allure modeuse contrastaient d'une drôle de façon avec l'atmosphère boisée et de maison de pain d'épice de ce salon de thé.

Le lendemain avec C qui s'apprêtait à partir en stop dans le sud faire la cueillette des abricots, j'ai mangé un très parisien jambon emmental sur le pont des Arts. On regardait passer les bateaux mouches, mon prochain lieu de travail d'été...

Et puis parce qu'on ne peut pas aller gouter tous les jours au Loir, quelques muffins:

muffins aux pépites de chocolat (et au sirop de gingembre)

-320g de farine

-70g de sucre

-3 cc de levure chimique

-1cc de sel

-150g de pépites de chocolat

-250g de fromage blanc

-200ml de lait

-50ml d'huile de tournesol

-1 oeuf blanc et jaune séparé

-1cc de sirop de gingembre (ou extrait de vanille)

Préchauffez le four à 200C

Mélanger la farine, le sucre, la levure, le sel. Ajouter les oeufs

Monter les blancs en neige

Mélanger les ingrédients liquides restants avec le mélanges oeufs-ingrédients secs, puis ajouter les blancs et les pépites. Mélanger un peu seulement, s'il reste quelques grumeaux ils disparaîtront à la cuisson. Trop mélanger rend les muffins trop secs.

Faire cuire 20 à 25 minutes.

mardi 23 juin 2009

retour


Etrangement la pluie se mit à tomber sur le chemin de l'arrêt de bus menant à l'aéroport, comme pour accompagner nos larmes. Nous étions tous un peu ivre, c'est plus facile pour ne pas se rendre compte. Ce fut une belle dernière nuit. Je n'avais pas ouvert leurs lettres attendant d'être seule dans l'avion pour les parcourir et me laisser porter par la mélancolie. L'escale à Beijing fut bien longue, je m'allongeais sur une banquette la tête lourde posée sur mon sac à dos en écoutant en boucle les mélodies de Ginger Ale. Un Italiquemauritarien au regard louche tente d'engager la conversation- ne voit-il pas que je suis très occupée à m'enfoncer au plus profond de mon vague à l'âme- je le décourage en laissant croire que je ne comprends pas le français. Les onze heures de vols s'étendirent trop entre repas incolores et insipides et vaines tentatives de sommeil. Seul l'Homme révolté m'occupa un peu l'esprit.

J'eu l'impression comme toujours que mes bagages furent les derniers à sortir de la grosse bouche du tapis roulant retardant encore mes retrouvailles avec F et ma famille. Le lourd chariot à roulette que je poussais difficilement à bout de bras enleva quelque peu le romantisme de ces retrouvailles. Ma mine chiffonée aussi ne devait pas être digne d'une comédie romantique mais plutôt d'un film d'épouvante.

C'est lors d'une première étreinte que je me suis rendue compte à quel point je l'aime. Ces "je t'aime" que je voyais avec effroi perdre peu à peu de leur sens à la fin de nos conversations virtuelles ont retrouvé toute leur force murmurés au creux de l'oreille.

Nous avons été voir A jouer son premier rôle sur une vraie scène, des textes bouleversant d'auteurs tchèques roumains et suédois; c'est jeune, cru, dur et poétique. Ca parle de sexe bien sûr, de cages à oiseaux, d'inceste et de yaourt à la fraise.

Ca m'a décoiffée... j'ai été chez le coiffeur, c'est long devant et court derrière, parce que j'aime bien faire les choses à l'envers.

Ce matin le médecin m'a dit que je ne redeviendrai pas une femme avant encore quelque temps et que mon coeur battait trop lentement. Il m'a fallut un an pour faire un tiers du chemin, c'est dur de ne pas s'essoufler. Pour reprendre de l'oxygène, ce soir nous nous promènerons dans les bois mais toujours cette angoisse: comprendra t-il, se lassera t-il?

mercredi 17 juin 2009

DAHAM 2

Les au revoirs ce succèdent dont certains dévoilent de grandes surprises. Je ne pouvais quitter la Corée sans revoir mon professeur préféré. Un dîner fut fixé mardi dernier dont la destination ne me fut révélée.
Comme je le craignais, nous arrivâmes dans un restaurant "français" tres chic, j'aurai mille fois préféré un bon restaurant traditionnel coréen à une fausse cuisine française mais l'attention était encore une fois délicate, je m'y résignais donc.
Le serveur tira ma chaise et alla même jusqu'à poser la serviette de table sur mes genoux-j'ai cru oublier un instant que j'étais dôtée de bras. D choisit un menu complet affichant une farandole de plats comme même en France cela ne se fait plus. J'étais génée à l'idée du prix que ce dîner allait coûter alors qu'un simple bibimpap m'aurait enchanté.
La conversation fut comme toujours agréables, cette fois sur les Mémoires rédigés par les reines et princesses coréennes dont les historiens coréens retrouvent peu à peu la trace. Des parcours de vie passionants où se mêle exotisme et confucianisme dans un portrait nouveau de l'histoire coréenne.
Mais ce jour là D portait une cravate, j'aurais dû me douter de quelque chose...
Les plats plus minuscules les uns que les autres se succédaient. Je me serais cru dans le monde des Polly Pocket. Nous commençâmes par une mini bouchée à la reine, puis vint un demi quart de langoutisne sur son émiété de tomate. C'est entre les trois raviolis et la soupe à l'oignon que D me regarda droit dans les yeux d'un air très troublé et me déclara
"C il y a quelque chose que j'aurais aimé vous dire avant que vous ne partiez, j'ai beaucoup hésité à vous en faire part et j'aimerai que vous m'écoutiez"
Mon estomac commença à faire des noeuds, non ce n'était pas possible, il n'allait pas déclarer ce que je pensais qu'il allait déclarer.
"Je sais que je ne devrais pas dire cela car j'ai été votre professeur et que vous etes si jeune mais je je ressens de profonds sentiments pour vous"
Heureusement que j'étais assise sur une large chaise
"J'ai l'impression que vous lisez à travers moi, jamais au paravant je n'ai ressenti une telle connection avec quiconque. Vous êtes aussi une femme très attirante..."
Moi? une femme? J'ai du mal à le réaliser, un petit bout de femme peut-être et encore... Cela m'effraie toujours de m'entendre qualifier de "femme" par les hommes. Ce mot est décidément trop sensuel pour que je l'assume encore.
"Ce que je vous dit est contraire à toute éthique et je vous prie de me pardonner l'embarras que je vous cause. J'ai essayé en vain de vous oublier, je ne cesse de penser à vous"
Je frôle l'apoplexie.
"J'ai peur de ne plus jamais rencontré une femme comme vous et je voulais être honnête avec vous avant votre départ. Je sais que c'est une histoire impossible et ne vous demande aucune réponse. Je vous remercie des belles émotions que vous m'avez apporté"
Que dire alors? Mon esprit est vide, je contemple les lamelles d'oignons qui flottent dans mon bol. Cela ne m'inspire pas beaucoup à trouver de belles paroles.
"Je ne sais pas quoi dire, je pars dans trois jours et ne reviendrais sûrement pas avant plusieurs années. Votre confession m'a beaucoup touchée, je vous admire beaucoup en tant que professeur et en tant qu'homme."
Je ne peux rien trouver de plus à dire tellement le choc est grand. Il me sauve par un salvateur "j'ai besoin d'une cigarette là". Nous sortons sur la terrasse, l'air est tiède, hésitante d'abord la conversation reprend son cours.
Bouchées de foie gras, de steak et de fromage s'entrecoupent de moments de complicité, de silences embarrassés et de regards troublés.
Lorsqu'il me déposa devant chez moi pour un ultime adieu nous restâmes juste plantés là, face à face, comme deux enfants maladroits.
Deux jours plus tard, mon désarrois et mon incrédulité sont toujours grands. Moi même je ne peux pas y croire, cela n'a pas pu arriver dans ma vie, serais je enfermée dans un roman?

samedi 13 juin 2009

incompréhension

Aujourd'hui je suis expatrié et je me sens frustrée et impuissante. J'ai ressenti un profond dégoût lorsque j'ai appris que l'on avait reçu dans le courrier électoral une liste intitulée "Parti anti-sionisme", d'abord j'ai cru à une blague, vraiment je ne pouvais pas y croire. Et pourtant....
Et pourtant, si je ne me trompe la France à signé la Convention Internationale des Droit Civils et Politiques qui stupule dans son article 20 que tout discours incitant à la discrimination, à l'hostilité ou à la vilence religieuse ou raciale est prohibé par la loi. La France a reconnu le devoir de controler la liberté d'expression contre ce genre de diffusion qui ne devrait pas avoir lieu surtout approuvé par les institutions publiques dans le cadre d'élection républicaine. La liberté d'expression est un droit fondamental mais qui a ses limites lorsqu'il constitue une agression envers l'intégrité d'autrui.
Comment le gouvernement peut-il permettre de telles diffusions de haine ouverte alors qu'il se targue de vouloir contrôler le contenu de l'internet?
Comment peut-on légitimer une telle liste lors d'élections européennes symboles de la réunion des peuples, de la réconciliation et de la tolérance?
Pourquoi des dizaines de listes n'ont pas pu accéder par manque de fonds ou de soutien à nos boîtes aux lettres alors que ce chiffon révoltant est diffusé nationalement?
Je ne comprends plus

mercredi 10 juin 2009

UN PETIT BRETON

Il est des gens qui seront toujours là contre vents et marées et qui rendent la perspective d'un inévitable retour un peu plus douce.
Nous nous sommes rencontrées ce fatidique jour de la rentrée au CP. Je portais un gros cartable vert sapin et j'avais une coupe au carré avec une frange maigrelette. J'adorai porter des pulls colorés et voulait devenir marchande de pelottes de laine-je trouvais le magasin si beau quand j'y allais avec ma mémé- ou astronaute.
Il avait des lunettes rondes bleues, une épaisse tignasse de cheveux brun foncé et les dents du bonheur. Il suçait toujours son pouce malgré les méchantes moqueries de nos camarades.
En CE1 nous nous sommes mariés dans la cour de récré. Il m'avait offert une bague en plastique rose que quelques années plus tard j'ai jeté avec rage dans le caniveau. Dommage, j'aimerai l'avoir toujours.
Après la classe, sur le chemin du retour, il me cueillait des feuilles que je faisais sécher précieusement dans un petit herbier. En ce souvenir, pour mes 18 ans, il m'offrit un pendentif en verre referment une minuscule feuille ovale et verte. Je le porte souvent en souriant.
Son père me faisait père, massif breton à la barbe noire brousailleuse, il fumait la pipe d'un air grgnon. On aurait dit le Capitaine Haddock. Sa maman minuscule et douce comparée à cet ogre autoritaire me verrait bien comme belle fille je crois.
Adolescent, on campait dans les bois même en novembre et on s'amusait à rouler sur les collines jusqu'à en verdir nos vêtements au grand désespoir de nos mamans. Nous essayâmes de fumer de l'here de provence-très mauvaise idée, la fumée n'a pas le goût de l'odeur- et infiltriions les soirées de grands de sa soeur aînée.
On s'est un peu éloignés puis rapprochés. Aujourd'hui il aime m'offrir des roses blanches et me préparer des petits déjeuners gourmands.
Pour mon retour, en espérant un grand soleil- je voudrais Monsieur le marmitton, un pique-nique petit déjeuner où vous m'aurez préparé:
-des tartines de baguette avec du beurre salé de votre contrée natale
-votre étonnant mélange thé-café au lait
-une pomme et du chocolat
-du fromage blanc à la confiture de mangue en souvenir du soleil et du sable rouge de La Todin
-votre amitié et votre sourire du bonheur