mardi 30 juin 2009

douceur et mal au coeur

J'ai retrouvé A avec émotion, elle semblait aller mieux, elle avait repris des couleurs, ces cheveux noirs et épais tombaient élégament sur ses épaules. Les bourdonnements dans ses oreilles qui l'avaient rendue folle avaient enfin cessé. Elle portait une petite robe fleurie dont la féminité m'étonnait de sa part, je devinais une histoire d'amour naissante.

Je fus émue de la délicatesse de l'architecture et des pierres du quartier du marais qui contraste tellement avec mes souvenirs encore frais des tours et du béton de Seoul. Ce fut mon premier choc culturel inversé. J'achetais une robe légère en voile bleu-gris qui s'attache sur les épaules par de larges rubans rouges. Cet achat augmenta le nombre de ma collection de petites robes à 12, deviendrais-je compulsive? J'avais aussi envie d'un chapeau et de chaussure rouge, hélas rien de séduit mon humeur.

Après une douloureuse humiliation dans un magasin de jean où une vendeuse me proposa, pas méchament pourtant: "essayez la taille enfant, cela vous conviendra mieux", nous décidâmes avec A qu'un gouter au Loir dans la théière s'imposait.

Je choisissais, sur le comptoir croulant de gateaux qui font briller les yeux et pétiller les papilles, une part de tarte aux pêches avec une fine crème vanillée et quelques éclats de pistaches. A opta pour le crumble aux fruits rouges. Je fus particulièrement impressionnée par une tarte au citron recouverte d'une meringue haute d'une dizaine de centimètre, je me demandais quelle texture pouvait avoir en bouche ce gros nuage sucré.

Les jeunes serveurs aux cheveux rasés et à l'allure modeuse contrastaient d'une drôle de façon avec l'atmosphère boisée et de maison de pain d'épice de ce salon de thé.

Le lendemain avec C qui s'apprêtait à partir en stop dans le sud faire la cueillette des abricots, j'ai mangé un très parisien jambon emmental sur le pont des Arts. On regardait passer les bateaux mouches, mon prochain lieu de travail d'été...

Et puis parce qu'on ne peut pas aller gouter tous les jours au Loir, quelques muffins:

muffins aux pépites de chocolat (et au sirop de gingembre)

-320g de farine

-70g de sucre

-3 cc de levure chimique

-1cc de sel

-150g de pépites de chocolat

-250g de fromage blanc

-200ml de lait

-50ml d'huile de tournesol

-1 oeuf blanc et jaune séparé

-1cc de sirop de gingembre (ou extrait de vanille)

Préchauffez le four à 200C

Mélanger la farine, le sucre, la levure, le sel. Ajouter les oeufs

Monter les blancs en neige

Mélanger les ingrédients liquides restants avec le mélanges oeufs-ingrédients secs, puis ajouter les blancs et les pépites. Mélanger un peu seulement, s'il reste quelques grumeaux ils disparaîtront à la cuisson. Trop mélanger rend les muffins trop secs.

Faire cuire 20 à 25 minutes.

mardi 23 juin 2009

retour


Etrangement la pluie se mit à tomber sur le chemin de l'arrêt de bus menant à l'aéroport, comme pour accompagner nos larmes. Nous étions tous un peu ivre, c'est plus facile pour ne pas se rendre compte. Ce fut une belle dernière nuit. Je n'avais pas ouvert leurs lettres attendant d'être seule dans l'avion pour les parcourir et me laisser porter par la mélancolie. L'escale à Beijing fut bien longue, je m'allongeais sur une banquette la tête lourde posée sur mon sac à dos en écoutant en boucle les mélodies de Ginger Ale. Un Italiquemauritarien au regard louche tente d'engager la conversation- ne voit-il pas que je suis très occupée à m'enfoncer au plus profond de mon vague à l'âme- je le décourage en laissant croire que je ne comprends pas le français. Les onze heures de vols s'étendirent trop entre repas incolores et insipides et vaines tentatives de sommeil. Seul l'Homme révolté m'occupa un peu l'esprit.

J'eu l'impression comme toujours que mes bagages furent les derniers à sortir de la grosse bouche du tapis roulant retardant encore mes retrouvailles avec F et ma famille. Le lourd chariot à roulette que je poussais difficilement à bout de bras enleva quelque peu le romantisme de ces retrouvailles. Ma mine chiffonée aussi ne devait pas être digne d'une comédie romantique mais plutôt d'un film d'épouvante.

C'est lors d'une première étreinte que je me suis rendue compte à quel point je l'aime. Ces "je t'aime" que je voyais avec effroi perdre peu à peu de leur sens à la fin de nos conversations virtuelles ont retrouvé toute leur force murmurés au creux de l'oreille.

Nous avons été voir A jouer son premier rôle sur une vraie scène, des textes bouleversant d'auteurs tchèques roumains et suédois; c'est jeune, cru, dur et poétique. Ca parle de sexe bien sûr, de cages à oiseaux, d'inceste et de yaourt à la fraise.

Ca m'a décoiffée... j'ai été chez le coiffeur, c'est long devant et court derrière, parce que j'aime bien faire les choses à l'envers.

Ce matin le médecin m'a dit que je ne redeviendrai pas une femme avant encore quelque temps et que mon coeur battait trop lentement. Il m'a fallut un an pour faire un tiers du chemin, c'est dur de ne pas s'essoufler. Pour reprendre de l'oxygène, ce soir nous nous promènerons dans les bois mais toujours cette angoisse: comprendra t-il, se lassera t-il?

mercredi 17 juin 2009

DAHAM 2

Les au revoirs ce succèdent dont certains dévoilent de grandes surprises. Je ne pouvais quitter la Corée sans revoir mon professeur préféré. Un dîner fut fixé mardi dernier dont la destination ne me fut révélée.
Comme je le craignais, nous arrivâmes dans un restaurant "français" tres chic, j'aurai mille fois préféré un bon restaurant traditionnel coréen à une fausse cuisine française mais l'attention était encore une fois délicate, je m'y résignais donc.
Le serveur tira ma chaise et alla même jusqu'à poser la serviette de table sur mes genoux-j'ai cru oublier un instant que j'étais dôtée de bras. D choisit un menu complet affichant une farandole de plats comme même en France cela ne se fait plus. J'étais génée à l'idée du prix que ce dîner allait coûter alors qu'un simple bibimpap m'aurait enchanté.
La conversation fut comme toujours agréables, cette fois sur les Mémoires rédigés par les reines et princesses coréennes dont les historiens coréens retrouvent peu à peu la trace. Des parcours de vie passionants où se mêle exotisme et confucianisme dans un portrait nouveau de l'histoire coréenne.
Mais ce jour là D portait une cravate, j'aurais dû me douter de quelque chose...
Les plats plus minuscules les uns que les autres se succédaient. Je me serais cru dans le monde des Polly Pocket. Nous commençâmes par une mini bouchée à la reine, puis vint un demi quart de langoutisne sur son émiété de tomate. C'est entre les trois raviolis et la soupe à l'oignon que D me regarda droit dans les yeux d'un air très troublé et me déclara
"C il y a quelque chose que j'aurais aimé vous dire avant que vous ne partiez, j'ai beaucoup hésité à vous en faire part et j'aimerai que vous m'écoutiez"
Mon estomac commença à faire des noeuds, non ce n'était pas possible, il n'allait pas déclarer ce que je pensais qu'il allait déclarer.
"Je sais que je ne devrais pas dire cela car j'ai été votre professeur et que vous etes si jeune mais je je ressens de profonds sentiments pour vous"
Heureusement que j'étais assise sur une large chaise
"J'ai l'impression que vous lisez à travers moi, jamais au paravant je n'ai ressenti une telle connection avec quiconque. Vous êtes aussi une femme très attirante..."
Moi? une femme? J'ai du mal à le réaliser, un petit bout de femme peut-être et encore... Cela m'effraie toujours de m'entendre qualifier de "femme" par les hommes. Ce mot est décidément trop sensuel pour que je l'assume encore.
"Ce que je vous dit est contraire à toute éthique et je vous prie de me pardonner l'embarras que je vous cause. J'ai essayé en vain de vous oublier, je ne cesse de penser à vous"
Je frôle l'apoplexie.
"J'ai peur de ne plus jamais rencontré une femme comme vous et je voulais être honnête avec vous avant votre départ. Je sais que c'est une histoire impossible et ne vous demande aucune réponse. Je vous remercie des belles émotions que vous m'avez apporté"
Que dire alors? Mon esprit est vide, je contemple les lamelles d'oignons qui flottent dans mon bol. Cela ne m'inspire pas beaucoup à trouver de belles paroles.
"Je ne sais pas quoi dire, je pars dans trois jours et ne reviendrais sûrement pas avant plusieurs années. Votre confession m'a beaucoup touchée, je vous admire beaucoup en tant que professeur et en tant qu'homme."
Je ne peux rien trouver de plus à dire tellement le choc est grand. Il me sauve par un salvateur "j'ai besoin d'une cigarette là". Nous sortons sur la terrasse, l'air est tiède, hésitante d'abord la conversation reprend son cours.
Bouchées de foie gras, de steak et de fromage s'entrecoupent de moments de complicité, de silences embarrassés et de regards troublés.
Lorsqu'il me déposa devant chez moi pour un ultime adieu nous restâmes juste plantés là, face à face, comme deux enfants maladroits.
Deux jours plus tard, mon désarrois et mon incrédulité sont toujours grands. Moi même je ne peux pas y croire, cela n'a pas pu arriver dans ma vie, serais je enfermée dans un roman?

samedi 13 juin 2009

incompréhension

Aujourd'hui je suis expatrié et je me sens frustrée et impuissante. J'ai ressenti un profond dégoût lorsque j'ai appris que l'on avait reçu dans le courrier électoral une liste intitulée "Parti anti-sionisme", d'abord j'ai cru à une blague, vraiment je ne pouvais pas y croire. Et pourtant....
Et pourtant, si je ne me trompe la France à signé la Convention Internationale des Droit Civils et Politiques qui stupule dans son article 20 que tout discours incitant à la discrimination, à l'hostilité ou à la vilence religieuse ou raciale est prohibé par la loi. La France a reconnu le devoir de controler la liberté d'expression contre ce genre de diffusion qui ne devrait pas avoir lieu surtout approuvé par les institutions publiques dans le cadre d'élection républicaine. La liberté d'expression est un droit fondamental mais qui a ses limites lorsqu'il constitue une agression envers l'intégrité d'autrui.
Comment le gouvernement peut-il permettre de telles diffusions de haine ouverte alors qu'il se targue de vouloir contrôler le contenu de l'internet?
Comment peut-on légitimer une telle liste lors d'élections européennes symboles de la réunion des peuples, de la réconciliation et de la tolérance?
Pourquoi des dizaines de listes n'ont pas pu accéder par manque de fonds ou de soutien à nos boîtes aux lettres alors que ce chiffon révoltant est diffusé nationalement?
Je ne comprends plus

mercredi 10 juin 2009

UN PETIT BRETON

Il est des gens qui seront toujours là contre vents et marées et qui rendent la perspective d'un inévitable retour un peu plus douce.
Nous nous sommes rencontrées ce fatidique jour de la rentrée au CP. Je portais un gros cartable vert sapin et j'avais une coupe au carré avec une frange maigrelette. J'adorai porter des pulls colorés et voulait devenir marchande de pelottes de laine-je trouvais le magasin si beau quand j'y allais avec ma mémé- ou astronaute.
Il avait des lunettes rondes bleues, une épaisse tignasse de cheveux brun foncé et les dents du bonheur. Il suçait toujours son pouce malgré les méchantes moqueries de nos camarades.
En CE1 nous nous sommes mariés dans la cour de récré. Il m'avait offert une bague en plastique rose que quelques années plus tard j'ai jeté avec rage dans le caniveau. Dommage, j'aimerai l'avoir toujours.
Après la classe, sur le chemin du retour, il me cueillait des feuilles que je faisais sécher précieusement dans un petit herbier. En ce souvenir, pour mes 18 ans, il m'offrit un pendentif en verre referment une minuscule feuille ovale et verte. Je le porte souvent en souriant.
Son père me faisait père, massif breton à la barbe noire brousailleuse, il fumait la pipe d'un air grgnon. On aurait dit le Capitaine Haddock. Sa maman minuscule et douce comparée à cet ogre autoritaire me verrait bien comme belle fille je crois.
Adolescent, on campait dans les bois même en novembre et on s'amusait à rouler sur les collines jusqu'à en verdir nos vêtements au grand désespoir de nos mamans. Nous essayâmes de fumer de l'here de provence-très mauvaise idée, la fumée n'a pas le goût de l'odeur- et infiltriions les soirées de grands de sa soeur aînée.
On s'est un peu éloignés puis rapprochés. Aujourd'hui il aime m'offrir des roses blanches et me préparer des petits déjeuners gourmands.
Pour mon retour, en espérant un grand soleil- je voudrais Monsieur le marmitton, un pique-nique petit déjeuner où vous m'aurez préparé:
-des tartines de baguette avec du beurre salé de votre contrée natale
-votre étonnant mélange thé-café au lait
-une pomme et du chocolat
-du fromage blanc à la confiture de mangue en souvenir du soleil et du sable rouge de La Todin
-votre amitié et votre sourire du bonheur

samedi 6 juin 2009


Lasse de la vie en résidence universitaire, je m'échappai une nuit chez mon amie H. Sa maman m'acceuillit chaleuresement à la table familiale, nous mangeâmes des vermicelles au boeuf, du tofu frit et des gros morceaux de pastèque. Son frère rentra de cours à minuit, les épaules courbées et la tête baissée. Seul fils de la maison, il n'entrera sûrement pas dans une des universités élites de la nation. L'honneur de son père pèse sur lui et on le lui fait sentir. J'ai eu de la peine pour ce si frêle jeune homme et me rappelai mes années lycéennes insouciantes, quel contraste!

Le lendemain au réveil, un gateau de riz tout chaud en forme de coeur m'attendait, j'en ai remporté un gros morceau dans une boîte en plastique jaune fermée avec un gros ruban rouge. Une attention qui m'a beaucoup touchée, rendue nostalgique aussi, je veux retrouver la cuisine de ma maman.

Le retour se rapproche, je n'ai pas envie de partir, je n'ai pas envie de ne pas partir non plus. L'art de la contradiction.

Pour chasser le spleen hier soir, je me laissai offrir du champagne, quelques bouffées de cigare d'une manière très provocante. Je dansai la salsa avec un beau mexicain. Par chance j'avais mis ma robe rouge qui tourne, et mes chaussures vernies noires Repetto. Depuis petite, j'ai toujours aimé les robes qui tournent et les chaussures vernies. Je m'écriai toujours en riant : "Regarde, regarde papa, comme elle tourne ma robe!". Maintenant ce n'est plus dans les bras de mon père que je tourne et les volants ne sont plus blancs mais rouge baisers.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtâmes manger des raviolis au kimchi histoire de parfaire mon haleine déjà sûrement intoxiquée par l'alcool et le cigare. Pas grave, je n'ai pas d'amoureux à embrasser ici.

L'ivresse offre un bonheur éphémère et donc amer mais un bonheur immédiat, évident et exaltant. Quand juste l'instant compte détaché de toute pensée. Surtout lorsque l'on danse et que l'on s'envole légère dans les bras de son partenaire dans un pas final.

Alors je danse, je danse, en Asie, en Afrique, dans les rues, sur les combos et pourtant je ne sais pas marcher droit.

mercredi 3 juin 2009

comme dans un rêve

Le temps est à l'orage, l'air est humide et lourd, des nuages plein d'encre noirs couvrent le ciel. Une bonne odeur de pluie remplie l'atmosphère. J'ai mal dormi et me sens engourdie comme enveloppé de coton, je vis entre éveil et sommeil, je suis comme dans un demi rêve.
J'ai reçu un mail de H après de longs mois de silence qui m'a fait replonger dans les souvenirs de notre amitié, je m'enfonce dans une longue rêverie devant mon bol de thé. Je repense à tout ces joyeux moments parisiens, dans les grands magasins ou les quais de Seine, dans les parcs et les cafés. Je repense à son abandon quand j'avais besoin de lui, à la peine que j'ai ressentie... Ces excuses reçues ce matin suffiront elles à recoudre notre amitié? Je m'en veux de ne pas pouvoir lui en vouloir.
La tête pleine de reflexion, je me rends à mon cours de japonais enseigné en coréen qui a toujours des allures un peu surréalistes pour moi. Le sommeil n'arrange rien, je me laisse perdre dans ce flot de languages. Chaque jour je jongle entre les langues, commence mes phrase en japonais pour les finir en coréen. J'entrecoupe le tout de quelques mots d'anglais et quelquefois des exclamations françaises m'échappent. Je cherche souvent mes mots sans les trouver parfois, mon cerveau est en roue libre. Bientôt, je parlerai une langue que moi seule pourra comprendre.
Ce soir avec mon ami chinois francophile rencontré en cours de coréen, nous choisêmes par simplicité l'anglais comme mode de communication. Il m'emmena manger dans un bon restaurant chinois, chose étonnament plus que rare à Seoul. Nous mangeâmes un excellent yu xiang rou si, de fines lamelles de viandes de porcs avec des champigons très tendres et de nombreux petits légumes. Un plat subtil à la saveur à la fois mielleuse et épicée. J'aime la nourriture chinoise par les temps lourds de pluie. A la nuit tombante nous nous installâmes à la baie vitrée d'un café donnant sur la rivière Han Kang qui traverse Seoul pour boire un thé vert au lait très mousseux dans de jolies tasses en porcelaine blanche. Les lumières des hauts immeubles se refletant sur l'eau noire convinrent idéalement à mon humeur réveuse.