lundi 27 juillet 2009

Des pierres jaunes sous le soleil, un ciel presque bleu roi tellement il est vif, mes yeux peuvent à paine supporter le contraste éboulissant. Bien sûr, j'ai oublié mes lunettes de soleil. Sur les pavés inégaux arrive bringubalante une minuscule Coccinelle jaune, à son bord, la tête dépassant du toit ouvrant, une jeune femme habillée d'une robe blanche à pois rouge et d'un chapeau de paille. Elle chante à tue tête sur la musique des Rita Mitsuko "Andy, dis moi oui". Je pénetre dans une enclave fantasmagorique, peuplée de personnages étranges et colorés. A ma droite, une farandole de préadolescent vétus de costumes et tailleurs noirs et de perruques bleues. Je me retourne, apostrophée par une jeune fille en robe blanche qui porte sur la tête un casque rouge de chantier.
Je ne rêve pas éveillée, je ne suis pas plongée dans un film de Tim Burton, je n'ai toujours pas fini internée en hopital psychatrique, je me suis offert quelques jours au festival D'Avignon.
Des théâtres improvisés ont émergés par centaines des pierres des chappelles et c'est avec plaisir que je m'y réfugie bien au frais pour une escale culturelle mais surtout de détente. Je varie les plaisirs, un drame précède un spéctacle musical auquel succède une comédie pimentée.
Entre deux pièces, à la terrasse d'un café, je sirote une menthe à l'eau en regardant passer un énorme monocycle qui traine un piano sur lequel une jeune femme joue un air mélancolique.
Je suis émue par un petit couple de vieux: "tu sens bon la gaufrette, la gaufrette à la vanille". Je revois mes grands-parents et les gaufrettes que je mangeais chez eux, le dimanche après-midi pendant que les adultes jouaient aux cartes. Je séparais les deux couches de gaufrette et léchait la crème au milieu parfois au praliné parfois à la vanille. Plus tard, je leur préférais les petits palmiers recouvert de sucre cristal, puis les petites barquettes surtout celles au chocolat.
Je quittai les rues ensoleillées pour aller rejoindre l'univers glacial de l'hiver russe, "L'enfer c'est le froid", il n'y est de plus grande vérité. Je voyageai à trabers les époques, de l'Empire aux années 50 jusqu'à notre décénie et souvent dans le désordre. Les voyages de l'esprit succèdent aux périples du corps.

mercredi 22 juillet 2009

manger plus pour travailler plus


Certaines personnes disent que je suis obstinée, moi je préfère le terme déterminée, et mon objectif cet été était de me défaire de ma peur de parler en public. J'ai donc choisi un travail d'été en tant que guide touristique dans une compagnie de bateaux mouches. 8 fois par jour, pendant une heure, je dois faire face à 300 paires d'yeux plus ou moins-bien- attentionés et parler pendant une heure en français et en anglais de l'histoire des plus grands monuments de Paris et des ponts de la Seine, je crois qu'après une telle cure m'exprimer en public ne sera plus un problème. C'est un peu comme lorsque j'étais petite et que je me forçais chaque été à partir en colonie de vacances même si j'en avais des brûlures d'estomacs plusieurs semaines à l'avance car j'étais persuadée qu'il fallait que j'apprenne à me sociabiliser.

Le cadre de travail est sympathique, petit vent frais dans les cheveux, musique sur les quais de la Seine et surtout les illuminations la nuit... C'est moins bien lorsque l'on se fait verser des bouteilles de bières sur la tête en passant sous les ponts.

Le patron chouchoute ses employés, le matin nous sommes accueillis avec des viennoiseries, du thé et du café. Un patissier à la retraite s'occupe de nous mitonner de délicieux déjeuners et dîners. Les multiples desserts s'étalent sur le comptoir: mousse au chocolat, tarte au citron meringuée, flan à l'orange ou tarte tatin, tel est le choix qui nous est proposé. Et pour le plat de résistance, des mêts tout aussi alléchants: frites et magret de canard, riz cantonais et pavés de saumon, pintade et ratatouille à la provençale. La devise du chef: manger plus pour travailler plus.

Toutefois, répéter inlassablement le même discours 10, 15, 30 fois par semaines commence à me rendre folle. Je deviens un véritable robot, les mots sortent de ma bouche automatiquement, mes bras se lèvent à droite et à gauche comme un pantin. Ca fait un peu peur. Pour éviter de devenir un automate désincarné, je fais des petites blagues, je me transforme en comique pour mon public, qui l'aurait cru! Je me découvre, au fil des jours, une aisance que je ne m'aurais pas soupçonnée. J'adore me forcer pour me dépasser, bizarrement je suis comme attiré par mes propres peurs. Je veux me surmonter parfois au mépris du danger, à la frontière de la folie.

Je me trouve l'air gauche dans mon uniforme un peu trop grand, la veste aux épaulettes trop large et la jupe qui descend trop bas me donne un air un peu perdu et fragile qui attendrit les toursites je crois.

Je m'amuse beaucoup à faire une étude sociologique du touriste de bateaux mouches: des familles, des amoureux, des groupes de voyages organisés et- oh horreur!- des groupes scolaires hurleurs et tapageurs. Les touristes espagnols sont de plus loins les moins civilisés et les plus agressifs, sans aucuns respects ils parlent forts et font des scandales quand je leur dis que "sorry I don't speak Spanish". Si bien que chaque guide fait une petite prière avant chaque départ pour que son bateau ne soit pas rempli d'un groupe d'espagnols en furie. Les asiatiques restent calmes et impassibles mais applaudissent très fort. Les anglos-saxons s'émerveillent de tout et laissent de gros pourboires. Les hommes en général sont beaucoup plus généreux que les femmes, sûrement car je suis une fille. Les groupes d'enfants s'amusent à crier sous les ponts ce qui est drôle et attendrissant pour les 5 premiers et devient très vite insupportable pour les 32 suivants. Ma tête et mes pieds sont très lourds... Mais heureusement pour me remettre je sais qu'il y a toujours une bonne part de gateau qui m'attend à la sortie du bateau.

A coup de grands battements de cils, j'ai réussi à soudoyer au cuisiner sa recette de soufflé au fromage:

soufflé au fromage (pour 4)

4 oeufs

50g de beurre

2 cs de farine

150g de conté ou emmental rapé

1/4l de lait

sel

poivre

noix de muscade

Faire fondre le beurre. Ajouter la farine et faire cuire 5 minutes. Ajouter le lait. Faire cuire en béchamel. Ajouter le rapé puis hors du feu les jaunes d'oeuf. Puis les blancs en neige. Cuire au four 250C° 35 à 45 minutes.

mercredi 15 juillet 2009

Une mouche bourdonne coincée entre la fenêtre et mon store à demi fermé pour me protéger de la chaleur estivale. Débile. Elle m'agace mais je ne la libère pas, elle s'agite et puis s'arrête. Je me demande un peu cruelle si elle réussira à se délivrer elle même. Ou perdrais-je patience avant? C'est une mouche obèse et noire, si j'y pense trop j'arrive à en avoir la nausée. Ca me rappelle que je devrais lire Sartre. Je devrais aussi sortir pour faire de la photo ou descendre les escaliers pour aller cuisiner. Mais pour cela il faudrait me lever et aujourd'hui je ne suis qu'une grosse masse molle, flemmarde. Ma flemme m'angoisse, ne rien faire c'est engraisser, je dois apprendre à ne rien faire. Je n'arrive pas à me concentrer, les livres m'échappent des mains. Un après midi qui s'étire à l'africaine. Je me souviens des longues heures passées à ne rien faire assise les pieds dans le sable à discuter les filles, assomées par la chaleur sur des nates colorées. Les parties de cartes s'enchaînaient entrecoupées de courses à mobylettes et de séances douloureuses de tressage de cheveux. Le soir on se promenait avec les enfants jusqu'au marais où l'on espérait toujours apercevoir des aligators ou bien jusqu'au marché pour regarder les tissus chez le tisserand. Le temps avait une autre dimension là bas, plus lent et plus tranquille. L'atmosphère était plus crue due aux couleurs vives de la nature, des ocres brulants, des ciels gris anthracites profonds et orageux. Le calme des grands espaces contrastait dramatiquement avec le confinement de l'hopital, le bruit des pleurs des enfants, l'odeur d'urine, des cinquantaines de mères faisant la queue dans l'espoir de récolter quelques sac de farines. Des après midi à courir le mètre-ruban à la mains pour mesurer les tours de bras des enfants, les serrants au maximum pour qu'ils passent en dessous de la barre des 13cm qui leur donnait accès à la si précieuse nourriture. Moi qui n'avait jamais connu la faim, je me voyais dire Non désolé je ne peux rien vous donner, vous devez repartir maintenant. Et quand je retrouvais le calme de la brousse le soir, je regardais dans le vague et je revoyais leur visage. Mais il y avait toujours les enfants de l'école que l'on retrouvait chaque matin pour la classe qui nous donnait le sourire par leur joie de vivre. Ils écoutaient toujours très attentivement nos leçons et s'appliquaient beaucoup aux travaux d'écriture même s'il devaient économiser l'encre de leur stylo et les pages de leurs cahiers. Ils nous offraient des mangues et des cacahuètes, nous apprenais des chansons et le Morée. Là bas j'étais utile et ici je ne sers pas à grand chose. La mouche est toujours coincée.

vendredi 10 juillet 2009

Quand H rencontre C

Dans la série des grandes retrouvailles post expatriation, hier ce fut avec H que je passais la soirée après une rude journée à m'égosiller sur des bateaux mouches. Au moins ce jour là, je ne m'étais fait vider aucune bouteille de bière sur la tête en passant sous le pont des Arts, les gens ont parfois des jeux bien stupides....
H et moi avont une longue histoire qui a fait des vagues, fait verser des larmes et surtout fait connaître des moments intenses de joie et de rires. Nous avions 15 ans, en voyage linguistique au fin fond du Pays de Galles. Ensemble, on s'est promené sous la pluie, on s'est baigné dans la Manche, on a mangé des sandwichs au concombre et surtout il m'a fait rire, rire comme je n'avais jamais ri, à en tomber par terre et à ne plus en pouvoir marcher. Et le dernier jour, on s'est embrassé dans un pub, je ne me souviens plus de la musique mais elle était ringarde et je trouvais ça un peu dommage, c'est surement pour cela que j'ai préféré l'oublier.
Etonnament, l'histoire a continué à Paris...Il m'aimait si fort ce beau brun à lunettes, d'ailleurs il serait interessant de comprendre pourquoi presque tous mes petits amis portent des lunettes. Mais moi je n'étais pas prête à être aimée comme ça, même si je jouais aux grandes c'était un peu effrayant, alors sans trop de raisons je l'ai quitté, j'ai brisé son coeur. 6 mois durant plus de nouvelles et puis un jour un appel, "Rendez vous à l'heure à l'heure pour un café?" La cicatrisation était terminée, une belle amitié pouvait commencer...Car on était pareil tout les deux: les pommes, le chocolat, la politique internationale, le vert, l'ambition, Paris, rire, les palymobils, les longues balades.....Il a rencontré M, de mon côté j'ai vagabondé, rien de bien interessant. Puis j'ai rencontré F, qui, en y réflechissant est l'opposé aussi bien physique que dans le caractère de H. C'était bien, c'était bon mais quand je voyais H des sentiments troublants renaissaient de plus en plus difficiles à nier. On a résisté encore et encore et puis on a joué au jeu dangereux du Tu viens dormir à la maison? Alors, inévitablement, une période de flirt à commencer, j'ai été infidèle honte sur moi, un petit jeu pas très sain, un secret encore aujourd'hui... H et M se sont quittés, j'aimais trop F pour cela. Incapable de faire un choix, trop lâche peut-être. H a dit Je t'attendrai toujours...Mais bien sûr, il a finit par se lasser le pauvre homme. C'est alors qu'il a rencontré une autre C. On a arrêté cette amitié amoureuse qui ne menait à rien. Et bien sûr c'est là que je me suis rendue compte à quel point j'aimais H, ce n'était pas normal d'avoir si mal lorsqu'il ne m'embrassait plus, lorsque j'étais privé de ses calins. Mais il était si heureux avec sa C, alors je me suis tue... D'humeur noire, j'ai commencé à m'effacer, j'ai beaucoup étudier, j'ai brillament réussi, j'ai rompu avec F, j' n'étais que matière grise... Et puis prise d'un coup de folie, un matin à 8h, j'ai appelé H et j'ai tout avoué, j'ai vidé mon coeur, des flots et des flots....Heureusement il était assis, j'ai ressenti le choc dans sa voix même si je ne le voyais pas. On s'est revu, il m'a à peine reconnue....Mais j'avais trop attendu, son autre C était moins indécise et moins folle surtout je crois.
Quelques mois en Corée m'ont permis de me réparer, de son côté classe préparatoire et formation militaire -mon Dieu quelle horreur-l'ont privé de toute vie sociale. A Noel quand je suis rentrée pour quelques semaines F et moi nous nous sommes retrouvés et aimés comme jamais, H et C ont rompus...
Pour le consoler je l'ai emmené voir les vitrines et les marchés de Noel, on a acheté un gros sac de bonbons multicolores anglais aux parfums excentriques qu'ont s'amusait à essayer de deviner. Il n'avait pas tant changé....Notre amitié retrouva un équilibre, je crois...
Et hier autour d'une pizza puis d'une mousse au chocolat on a beaucoup parlé...C'était comme avant. Sur un banc de l'ile Saint Louis, la tête sur son épaule je me suis sentie bien, il faisait un peu trop frais. Il m'a dit qu'il ne voulait plus aimer pour l'instant, avec F je vis de beaux moments d'amours...laissons aller ainsi...C'est doux et insouciant, j'aime...

lundi 6 juillet 2009


Il y a des choses que l'on n'aimerait ne pas découvrir, c'est à se demander si vivre dans l'ignorance n'est pas parfois une meilleure solution si elle peut nous épargner tant de souffrances et de remords. Surtout lorsque l'on n'est pas sûre de très bien comprendre le sens de cette révélation et qu'on est totalement impuissante face à elle. Qu'attend elle de moi? Pourquoi m'ont ils fait lire ça? Pourquoi tenait-elle dans ces bras cette photo de moi lorsqu'on l'a retrouvé dans son petit lit sur ses draps rouges je l'imagine? Pourquoi a-t-elle inscrit au dos "Comment a-t-on pu laisser une si jolie petite fille se faire autant de mal?" Quel est le lien? Aurais-je tellement perdu le contrôle de la conséquence de mes actes?

Je ne peux supporter d'imaginer que j'ai pu être la cause d'un acte aussi radical de la part de la personne que j'aime le plus au monde. Serais-je l'élément déclencheur? Coupable d'avoir ignoré l'influence que j'avais sur elle, coupable d'avoir pu lui laisser penser que la vie n'en valait pas la peine. Coupable mais à quoi sert de regretter? Coupable mais comment réparer?

Heureusement, il est encore possible de réparer, je n'ose imaginer si elle avait atteint son but. Voulait-elle d'ailleurs vraiment l'atteindre?

Je ne voulais pas l'abandonner, comment a-t'elle pu le croire? Et pourquoi un comportement si distant à tout échange face à des écrits trop plein d'amour?

Est ce qu'elle m'admire, me jalouse, me déteste ou m'aime? Veut elle que je lui parle, que je l'attende ou que je l'embrasse? Tout à la fois...?

Et moi je reste là, immobile et muette, je tente quelques gestes, impuissante. Je cherche les mots sans succès. Je la regarde en cherchant un sens, tout est si contradictoire.

Dès que je la vois maintenant, je réalise que j'ai failli commettre un crime. Si se détruire c'est détruire les gens qu'on aime alors peut-être qu'être heureux c'est rendre heureux les gens qu'on aime. Alors pour elle, je vais déborder de joie, d'optimisme et d'amour, pour essayer de réparer...

Because it worths
Et parce qu'il a la saveur de nos mercredi après-midi d'enfance:
Gateau de voyage:
4 oeufs
150g de sucre
200g de farine
110g de beurre
1 sachet de levure
80g de poudre d'amande
2 citrons non traités
Prélever les zestes de citrons en fins filaments
Les faire confire pendant 4 minutes à couvert et à feux doux dans le jus des citrons aditonné de 60g de sucre.
Fouetter les jaunes d'oeufs avec le reste du sucre jusqu'à obtenir un aspect bien mousseux.
Incorporer la farine à la levure et à la poudre d'amande. Ajouter le beurre fondu et les zestes confits puis les blancs battus en neige.
Faire cuire au fous à 180C° 45 minutes
Faire refroidir avant de démouler.