dimanche 30 août 2009

cookies et magret

Sur mon lit en train de lire Colette, le téléphone sonne:
"Salut c'est P, tu fais quoi là"
"Rien"
"J'ai une course urgente à faire et je ne peux pas sortir de chez moi"
"T'as besoin de quoi?"
"Du magret de canard"
"....??"
Comment peut-on avoir un besoin urgent de magret de canard à 15h?
"C'est pour mon chien, il manque de globule rouge il lui faut de la viande et il raffole du canard...il est très malade"
"Ok j'arrivve"
"Et ramène aussi des cookies tout choco"
"...??"
"Pour moi pas pour le chien"

vendredi 28 août 2009

Journal et croissant

Libération, petites anonces: "Un lecteur de Révolution russe à une lectrice de Camus. Egaré mon regard sur tes cheveux blonds. Rencontré train vers R...sur la route pour précher le marxisme/ A bientôt pour discuter peut-être" . Aucun doute il s'agit de moi. Je me souviens de cette nuit, il était très tard c'était le dernier train. Il me faisait face assis à ma diagonale, cheveux noirs bouclés et veste en velour élimée. Je m'étais étonnée de cette tenue hivernale en juillet. Une vague attention vite détournée par ma lecture. Je ne lis jamais les billets doux, pourquoi l'ai je fais ce matin? Serait-ce un signe du destin? Mes yeux se lèvent vers F derrière son bol de café; je ne répondrai pas. De toute façon je n'ai jamais cru à la destinée.

J'ai une mémoire photographique, je n'oublie jamais les nombres que j'ai vu. Je me souviens encore du code d'entrée de l'hotel où nous avions passés des vacances en République Tchèque il y a 3 ans: 1237, ou celui du train qui nous emmena à Dax la semaine dernière: 7940, quai 2 voiture 16, siège 21 et 22. Alors comment ai-je pu, par une défaillance technique incompréhensible de mon cerveau, oublier tous les codes de mes cartes de crédit. Depuis 2 jours je cherche en vain, je retourne toutes les combinaisons de chiffres dans ma tête mais rien ne correspond. Plus je cherche plus je me perds, l'oubli devient irréversible. L'expression trou de mémoire prend tout son sens, je me retrouve face à un vide noir angoissant qui semble de plus en plus profond. Je préfère arrêter de creuser avant de devenir folle.
Je n'ai jamais acheté d'agenda car je me souviens toujours de tous les rendez vous, horaires, dates, devoirs à rendre. Comme je n'ai pas noté que j'ai rendez vous le 14 septembre à 10h avec le docteur C, que le cabinet sera au 3ème étage à gauche, pour la simple raison qu'il est impossible que j'oublie.
Pour me distraire de ma gymnastisque cérébrale j'accèpte une invitation de A au café, elle arrive sourire aux lèvres et me tend un petit papier froissé un peu jauni. Deux écritures se mêlent "Les communistes volent l'eglise avec des gants rouges". J'en ai le souffle coupé, je nous revoit toutes les deux sur un banc de la Place de la Mairie entre un cours de maths et de physique, nos premiers cadavres exquis. Nous étions tellement sur la même longueur d'onde qu'ils avaient presque du sens. On écrivait souvent en mengeant des Gourmandises aux poires ou des fondants au chocolat de l'Ile aux gateaux. Elle aimait aussi s'arrêter au Mac Do après les cours de natation pour aller prendre un deuxième petit déjeuner, je trouvais ça peu digne de la si fervente communiste qu'elle clamait être. Depuis je suis plus indulgente et ai compris que la contradiction est l'une des principales caractéristiques de l'être humain.

jeudi 27 août 2009

L'odeur sèche des pins, du sable et de l'air salé ont ravivé en moi des souvenirs olfactifs de l'enfance. La terre sablonneuse crissait sous chacun de mes pas, je tendais l'oreille pour entendre le bruit de l'océan derrière les dunes. Les valises à peine déposées on prit le chemin de la côte sauvage pour espérer un peu de solitude en ces temps estivaux. Les pieds s'enfonçaient dans le sable des chemins dissimulés dans les forêt de pins dont les épines nous piquaient les pieds. C'est essouflés qu'en haut de la dernière dunes nous vîmes enfin l'océan, la marée montait en de grosses vagues tumultueuses. Il me regarda courir le long de la dune et je crois qu'il me désirait dans ma robe blanche. Les vagues trop fortes nous empéchèrent de nous aventurer bien loin mais je me laissais refouler plusieurs fois sur le rivage à grand cris de joie. Les cheveux et les maillots remplis de sables on s'éloigna un peu de l'eau agitée pour une longue promenade les pieds dans l'écume des vagues. Tous ces efforts méritèrent une sieste au soleil, un écouteur pour deux au son de Portishead. Sur le chemin du retour, il me proposa une glace, j'hésitai longtemps entre un sorbet et une crème glacée,ma gourmandise lui paraîtrai t'il un mauvais défaut? Il choisit vanille et caramel ce qui me convainquit de me laisser tenter par le chocolat noir et la réglisse. Il a aimé mes moustaches en chocolat, les cheveux bouclés par l'océan et le vent j'avais l'air d'une enfant.
Le soir, dans la Mercedes des années 70 de A, on roula un peu trop vite jusqu'au port. On trinqua au champagne à de belles retrouvailles. Lorsqu'il nous raccompagne l'air était encore tiède, on prologea donc la soirée par une virée nocturne à la plage pour regarder les étoiles filantes. J'en comptais trois mais ne fit pas de voeux, tout était si parfait. Je me laissai caresser tendrement, dans ma robe blanche il me fantasme tellement.
On a mis du sable partout dans la chambre et les draps grattaient. Encore une fois il s'assouvit trop vite. Vexé il sortit fumer une énième cigarette, il a peur de me perdre. S''il savait à quel point cela n'avait pas d'importance.

jeudi 20 août 2009

mots clés 2

Virée au Bas fond accompagnées des enfants qui chantent, fruits de liane, petit âne qui trotte dans l'eau en traînant une lourde charette, ricochés dans l'eau.
Excursion en car, mines d'or, gateaux locaux, maquis, panne, un petit air de Little Miss sunshine, poussière blanche, vautour
Les bébés noirs naissent blancs, chant en Moré, journée de travail au dispensaire, envie de pleurer, mal au crâne, nattes, contre vents et marées.
Femmes qui se battent pour la distribution de nourriture, grand débat sur l'existence du diable et de la possession par les mauvais esprits, tatouages au hénné.
Claustrophobie au dispensaire, on se sent utiles, sac de haricot et de farines, on sent le pipi, douche, dormir enfin.
Elèves turbulents, skittles violets, parties de tarots à l'ombre des baobabs, début de la géométrie, flemme.
Distribution d'huile, prêtre mélomane, scoubidou avec les collégienne, DJ Honoré, danses tribales, hénné raté sur les pieds, larme au coin de l'oeil, buffet de plats typiques, fou rire, j'ai découvert l'Afrique

jeudi 13 août 2009

rancoeur et pizza

Il y a des soirs comme ça où après une journée parfaite on devrait s'abstenir de lire ses mails où des revenants indésirables refont surface. "Je te prie d'excuser le geste discourtois et criticable que j'ai eu à ton égard". Je n'arrive pas à la digérer cette phrase, elle est pire que toutes les crises de foie bloquée comme une boule au creux de mon estomac. Un geste discourtois de m'avoir laissée tombé par textos alors que je ne tenais plus qu'à un fil. Après m'avoir poussée à étudier toujours plus, jours et nuits parce que je te prenais pour le grand maître, bel énarque. Après m'avoir aidé à faire les rouleaux de pièces que je cachais sous mes vêtements. Et quand c'était trop tard, incontrôlable de fuir en évitant le face à face. Presque en me laissant pour morte. Et tu voudrais que je lave ta conscience en donnant signe de vie maintenant, je ne te ferais pas ce plaisir. Tu voudrais te rassurer et savoir si je vais bien, tu ne le sauras pas. Tu oses réapparaître dans ma vie sans prévenir alors que je renais doucement. Des souvenirs de jours noirs refont surfaces encore et par ta faute, je ne veux pas me laisser aller à ces malheureuses réminescences. Je préfère repenser à cette pizza estivale que je venais de finir. Une pâte bien craquante recouverte de sauce tomate et de belle tranche d'aubergine, de courgette et de morceau de champignons. Tout cela juste revenu dans l'huile d'olive toscane. Le tout était recouvert de Mozarella di Buffala et d'un peu d'origan. C'était croustillant, c'était fondant. Et en dessert, j'avais choisi la glace à la pêche pour sa douceur gourmande et rafraichissante, je l'ai longuement laissé fondre sous ma langue. Alors, tu vois oui je vais mieux mais je te laisserai dans le doute de ta lâcheté.

lundi 10 août 2009

Firenzi

Passé les Alpes, on longe la Riviera où l'eau de la mer et le ciel se confondent presque. Une chaleur torride que j'apprécie sous le regard incrédule de P qui réalise que son corps est sans conteste composé de 60% d'eau. L'hotel, un peu éloigné de Florence offre une piscine dans laquelle je plonge à peine les valises déchargées. J'observe hilare les italiens en maillots de bain moulant de préférence rouge, jaune ou violet se pavaner au bord de l'eau torses bombés et roulant des épaules. Ils ont l'air de gros coqs à l'affut de la poulette esseulée. C'est tellement proche de la caricature que s'en devient plaisant. Les femmes aussi se pâment, elles ont des formes et en sont fières. Je me croirais devant une parade de paons.
Le village le plus proches comptent de nombreuses petites places et autant d'églises cachées au coin des dédales de rues étroites et pavées. Vides le jour elles se remplissent d'une foule étonnante la nuit. Le village paisible se transforme en quelques heures en un grand café de plein air théâtre, cette fois, d'une parade nocturne haute en talons et en décibels. Les gens de tout âge sont assis sur les terrases mais aussi sur les marches et les murets de la ville, un verre à la main dans des tenues de la plus haute élégance. On aime se faire regarder. Alors je ne me prive pas de reluquer telle la vicieuse l'homme italien en goguette. Hélas le mâle gominé, moulé et clinquant ne fait pas fondre mon coeur.
Dans une petite pizzeria à l'air anodin, on mange de délicieuses pizzas à la pâte fine et craquante et à la garniture raffinée, mozarella di buffala et jambon cru maison coupé en tranches presque translucides. Un vin toscanien épais à l'arôme puissant m'enflamme rapidement les joues et me fait briller les yeux.

vendredi 7 août 2009

mots clés 1

Ce cahier sert de carnet de bord et accessoirement de cimetière d'insectes.
lever 6h30, confiture de mangues, visite de la Todin, labourage, semage, âne, kapokier.
Course dans les champs sous la pluie, tempête de sable, "plutôt la mort que la honte", épluchage de cacahuète, fauteuil mouelleux du curé.
"des gros raisins avec des gros noyaux " "euh, des dattes quoi?!"
"Aujourd'hui ça devait être une bonne journée" "Dis plutôt une journée..." : mal de ventre, accident de voiture dans les tas de terre, grosse médecin habillée en Chanel.
Ceci est un cloporte immonde empalé par C.
Réveil loupé à 4h, C a failli se faire bouffer par un caîman, "je crois que tu t'es assise dans la pisse", messe de 6h du matin, visite au Bas Fonds, calebasse de dolo (bière) tiède sur fond de pantalon blanc, vive les aubergines, 3 énormes plats de riz, arnaque au bus de Yako, bébé raciste, débat sur l'homosexualité avec les soeurs.
Cours avec les primaires, mange ta bouillie et ton foie, sieste, chateau de carte, inauguration du nouveau puit, mariage.
La moitié de l'équipage a été décimé par la courante, poussée d'exéma sur le bras, fatigue.
Cueillette des feuilles de baobab: sauce verte ignoble de feuilles de baobab. Reportage sur la malnutrition, gros sacs du PAM, douche proche de l'extase, on refait le monde. Débat sur la chirurgie esthétique et Israël.
Cinéma en plein air, la mélodie du bonheur
Découverte d'un nouvel insecte: la scolopendre rouge à 1000 pattes.
On nous offre des oeufs, rencontre avec le préfet pro Sarko, visite aux vieux du village, crépage de chignon pour les derniers Skittles rouges, on se goinfre de chouchous dans la salle des profs, je frôle l'amputation du bras droit, longue marche, terre rouge.
"Pourquoi c'est toujours avec MA chaussure que tu écrases les araignées?" "Parce que c'est la plus moches"

mots d'enfant de l'autre bout du monde











YOUSSEF: " Je raconte cette semaine à la Todin. Il y a des blancs qui sont venus pour nous esseiyer à lire et à écrit à parler bien le français. C'est commencé lundi passé. Ca va bien la journée mais je veux un vélo. Vous avez fait bien pour nous. Si j'avais un cadeau je te donnerai. Je vous demande votre pays c'est où. Merci et bientôt au revoir."




HERVE ( j'ai cru qu'il s'appelait Laurent pendant tout le voyage vu qu'il n'a jamais osé me dire que ce n'était pas son nom lorsque je l'appelais comme ça): "Je vous remerci pour ce que vous avez apporter depuis la chémaine passé. Vous avez perdre votre temp pour nous apprendre beaucoup de chose que nous ne connaisse pas bien. Vous avez bien fait. Je vous demande si votre pays se porte bien."




PASCAL: "La semaine passé c'était bien parce que vous avez bien aider nous avec les mot et le français et je vous dis que vous avez bien fait. Moi dans la journée je suis content avec vous. Je vous salue avec votre famille.




BABO: " Pour la semaine c'était bonne. On a étudié beaucoup de chose dans la journée des problème, des calcules, des mate. Je remercie très bien de cette nouvelle journée. Je suis très content de vous car y avait beaucoup de mervaille. Je vous salue beaucoup pour tout ce que vous avaient faire dans la semaine. Merci beaucoup, le seigneur vous bénisse. Quand vous êtes venu nous sommes ravi. ok."




"BOUREIMAN: "Cest bon de faire cette lettre pour cette semaine. On a fait beaucoup de choses dans la journée des dictées des mates. On a beaucoup appri et je vous aime bien. Merci.
En faisant mes valises je suis retombée sur ces lettres qui me font encore fondre le coeur. Crise de sentimentalisme aigue.




dimanche 2 août 2009

Des macarons au chocolat ou au café je n'arrive pas à me décider lequel est le meilleur. L'idéal serait peut-être un macaron au croustillant goût chocolat et au fourrage au café. Car il m'est toujours impossible de décider devant le plateau, et en prendre deux d'un coup ne serait pas très correct. Je mange toujours un carré de chocolat noir avec mon expresso auquel je n'ajoute jamais de sucre ce qui au dire de la sagesse populaire me trouera l'estomac. C'est bien dommage. Je ne sucre jamais mon thé non plus ce qui relevrait pour moi du sacrilège, on ne pollue pas des saveurs si délicates. Le thé se boit "pur", le chocolat se mange noir et le nutella s'étale à la cuillère qu'on est ensuite obligé de lécher pour la nettoyer puisque, contrairement au couteau, il est impossible d'y racler l'intèrieur contre le pot. Questions de principe.
J'adore recouvrir les petits pot de crème au chocolat noir de crème chantilly. C'est mon petit vice du moment. Un peu avant c'était les bananes trempé dans le pot de nutella. Mais je ne peux pas m'empécher de lire le nombre de calories sur les papiers d'emballages. C'est ma petite névrose. J'ai une calculatrice dans la tête. Heureusement, de plus en plus elle s'en va. Et puis comme ça, F m'emmène au restaurant où il n'y a pas d'emballages. On mange des bibimpaps et des smoothies à la framboise.
Par ces temps lourds, j'ai des envies de mousse au citron et de pastèque très charnues. J'ai toujours l'impression de mordre dans des énormes gencives. De pêches tellement parfumées qu'on dirait des roses. Si le printemps est une saison très olphactive, l'été est la plus savoureuse.
Des formes se dessinent, des courbes et des bosses. J'ai même les cheveux qui bouclent moi qui les ait toujours eu d'une raideur affligeante. Une folie capillaire indomptable et subite. Ne reste qu'à tenir et arrêter de compter, pourtant j'ai toujours détesté les maths. Les chiffres ont toujours été mes ennemis.

samedi 1 août 2009

papa a bu une bouteille de vin, il est parti en voiture, il pleurait.