samedi 26 septembre 2009

fragile équilibre

Dans la rue je porte ma veste en cuir comme une coque protectrice, sur une robe légère cela fait un décalage intéressant. J’en aurais bien besoin à l’intérieur aussi, quand c'est la guerre sous mon toit. Mais bien sûr je ne porte pas ma carapace dans cette maison qui est censée en être une. Alors ça fait mal. Heureusement, demain c'est l'anniversaire de E, je lui ai fabriqué des haltères bisounours. C'est un peu mignon et un peu moche parce que c'est moi qui les ai faites et que j'ai un potentiel artistique d'une élève de maternelle supèrieure. J'espère que ça va lui plaire. Il organise un déjeuner avec le must de l'amitié. Je me demande ce qu'il préparera, fera t'il ressortir ses origines bretonnes où son amour pour la cuisine cubaine...
Cela me changera des déjeuners seule à la cafétèria ou quand je suis riche dans la boulangerie Kayser ou chez Lili's brownies. Ca me divertira des dîners Gestapo du cocon familial.
J'ai trouvé la douceur et la poésie qui me manque dans un joli roman, La Mécanique du Coeur. La mienne semble déréglée, les vannes du conduit lacrimal ont rompu. J'aime bien quand après avoir pleuré je me sens à bout de force mais sereine comme si j'avais lavé tout mon coeur, surtout quand j'ai fini par aller me réfugier dans ses bras et qu'après on va dehors au soleil pour respirer un peu...

vendredi 18 septembre 2009

le meilleur japonais du monde

Si je devais ne retenir qu'une chose de mon passage éclair en classe préparatoire littéraire, c'est ma rencontre avec MS. Nous sommes vraiment devenues amie lors du voyage d'intégration Sur les traces de Marcel Proust à Illiers-Combray. C'était un jour gris qui sentait la pluie. La visite avait commencé par la maison de Tante Léonie que nous trouvions toutes deux sans grand intérêt, sombre, viellotte et poussiéreuse. J'aime beaucoup les écrits de Proust mais reste insensible à la contemplation du lit duquel il pleurait sa mère des heures durant ou de la table de la salle à manger où il s'ennuyait lors des repas dominicaux. Mon ennui fut le même lors de la visite de la maison de Kafka et de celle de Victor Hugo, je n'arrive pas à m'extasier devant une chaise de bureau même ayant suppporté les plus célebres fesses du monde. Généralement, je n'arrive pas à m'attacher aux objets, je n'achète jamais de souvenirs et n'ai aucun bibelot. Cela explique peut-être mon étourderie et maintes clés, écharppes et accessoires en tout genre oubliés ou perdus.
Sortis de l'illustre maison, la pluie avait redoublé ce qui n'empêcha pas la visite des fameux jardins si minutieusement décrits dans les roman du cher Marcel. Ils sont sûrement magnifiques sous le soleil mais le froid, la pluie et les pavés et graviers glissants gatèrent un peu la promenade. Heureusement, MS et moi accompagnèrent cette balade du dernier CD de Phillipe Katrine qui nous remit du baume au coeur. Un peu trop apparemment, ce qui nous value un regard noir de la prof d'anglais consternée à la vue de nos balancements de tête trop vigoureux sur les bancs de l'église du village. Mais comment ne pas dodeliner du chef au son de Complètement VIP? Peut être avions nous amorcé une chorégraphie des bras, je ne suis plus sûre.
Durant les jours qui suivirent MS et moi devînmes inséparables, compagnonnes de colles, de pauses déjeuners et de séances de révision. Mais je reçus ensuite des résultats heureux qui me permirent d'aller voguer vers des horizons moins oppressants.
Nous avons toujours gardé contact malgré la distance et les études. Je lui envie ses longs cheveux cuivrés et ondulés et son large sourire très britannique. Elle porte toujours de grandes lunettes rectangulaires et des vêtements colorés. Comme elle est hypocondriaque, on se retrouve souvent après un de ses rendez vous chez des médecins qui ne trouvent jamais ce qu'elle a. Notre dernière rencontre eut lieu après un rendez vous très douloureux chez le mésothérapeute, spécialité qui m'était jusqu'alors inconnue.
Je l'ai emmené chez, selon moi, le meilleur japonais de Paris. C'est un petit restaurant à l'ambiance de cantine où l'on peut regarder les cuisiniers travailler derrière le comptoir tout en savourant son repas. Attendre les plats est une vraie torture tant on est affamé et envoûté par les odeurs qui volutent des tables voisines. Les gyozas à la garniture très fines sont justes dorés à point, les soupes de nouilles faîtes maison sont savoureuses et riches en légumes, lamelles de viandes et champignons. Les plats de nouilles sautés ou de riz accompagnés de poissons délicats ou de viandes marinés sont généreusement servi et me font fondre de bonheur à chaque bouchée. Ce soir là, je choisis un plat de riz recouverts de légumes marinés et de fruits de mer (coquille saint jacques et langoustines) que je mangeais malgré la portion gargantuesque jusqu'à la dernière bouchée. La soupe miso qui accompagne chaque plat regorge de gros morceaux de tofu moelleux et d'algues bien élastiques et tendres, elle est très salée comme au Japon. Les plats oscillent entre 9 pas les 13 euros et un seul nourrit pour la journée entière. Je fais découvrir cette petite pépite à chacun de mes amis et tout le monde m'idolâtre ensuite, j'ai trouvé le moyen de me faire aimer.
Adresse: restaurant Hokkaido, 14 rue Chabanais, Paris 2ème.
C'est dommage on a pas pris de photos, j'ai perdu le mien sur l'île de Jejudo et MS n'étant ni coréenne ni japonaise ne prend pas son appareil dans son sac pour aller au restaurant. Ce qui est je pense, une grave erreur.

mardi 15 septembre 2009

boutique rose pour rentrée grise


Sous un ciel gris et froid, j'ai retrouvé les bancs en bois durs et les minuscules tables du grand amphithéâtre. On y est tellement à l'étroit qu'il est impossible de croiser les jambes sous la table de même que de poser à la fois trousse et feuilles devant soi. Serrés comme des sardines dans une boîte de fer rectangulaire, je pouvais sentir le coude de mon voisin gauche à chaque fin de ligne. Cette promiscuité n'est pas sans rappeler celle du métro vécue quelques heures plus tôt. Et quatre ans plus tard je n'ai toujours pas la réponse de ce mystère: Pourquoi la ligne 4 est-elle -encore plus- surchauffée que les autres?

Prête à envisager une grève de la faim, j'ai finalement vaincu l'administration et pu m'inscrire en cours de coréen, même si d'après un doctorant très suffisant: "la Corée c'est surfait". Apparemment cette année, l'Ouzbékistan et le Yémen sont à la pointe de la fashionnité de la recherche en relations internationales. Puisque je ne suis pas sûre de la pertinence d'appliquer le concept de mode à un pays, je ne me formalise pas.

J'allais très confiante au coktail de bienvenue pour les étudiants étrangers asiatiques. J'avais oublié ce à quoi pouvait ressembler un laché d'une centaine d'étudiant chinois, coréens et japnais composé à 70% de filles devant un buffet de viennoiserie. Perdue et affolée dans un brouhaha et une marée humaine où je ne discernais aucune parole ni aucun visage, lâchement et à ma grande honte, je fuis....Pour découvrir quelques rues plus loin qu'une boutique Antoine et Lili a ouvert ces portes. Ma ruine est annoncée. Je rentre juste pour regarder dans ce petit écrin rose bonbon et ressort quelques minutes plus tard avec une jolie robe bleue dont j'excuse l'achat compulsif par tous les évènements précités. Achat qui n'a pas hélas freiner ma frustration car je rêve encore de ce joli manteau noir aux brodures de soie orange, à ces jolies bottines de cuir où à ces cache-coeurs en laine épaisse douce et colorée. Vivement noel.

mercredi 9 septembre 2009

pour les jours où y'en a marre


Comme à chaque rentrée je commence ma bataille acharnée avec l'administration de ma chère Ecole. Après avoir attendu 3/4 d'heure assise par terre sur un lino douteux.- rien que ce mot lino sonne sal- dans un couloir aux murs vieux jaune fatigué pas repeint depuis les années 70, on me fait enfin accéder au tant redouté Secrétèriat des langues hare de l'absurdité administrative. On m'annonce d'abord qu'il n'y a pas assez de conférences d'anglais niveau 4 par rapport au nombre d'élèves et que donc on me met en liste d'attente, qu'on me préviendra lorsqu'il y aura de nouvelles places pour que je revienne. Merci.

2ème étape le coréen: la seule conférence a lieu le mercredi après-midi, horaire auquel j'ai, bien sûr, un autre cours.

"Ah mais c'est pas possible, c'est un horaire banalisé pour les langues, vos responsables pédagogiques n'ont pas le droit de l'utiliser, il faut voir avec eux".

J'ai perdu ma matinée, le jeu de ping-pong entre les services administratif peut commencer.

Après avoir exposé mon problème à ma responsable pédagogique, je me vois répondre que j'ai deux solutions:

1) J'arrête le coréen et je choisi une autre langue

2) Je n'ai qu'à aller m'inscrire ailleurs

Je leur ai gentiment signalé qu'étant donné que nous étions 4 étudiant en coréen niveau 4, il me paraissait très étonnant qu'ils n'aient pu trouver un créneau horaire qui conviendrait à tout le monde. Pas de réponse...

Pour éviter de me taper la tête contre les murs il me fallait une gourmandise réconfortante:


Le pain perdu à la compote de pommes

Pour 6 personnes

- 6 tranche de pain (ou pain de mie) rassis

-25cl de lait

-1oeuf

-50g de beurre

-50g de sucre

-compote de pommes

-1 demi sachet de sucre vanillé


1) Faire chauffer le lait avec le sucre vanillé

2) battre l'oeuf en omelette. Verser peu à peu le lait bouillant

3) Mettre 2 tranches de pain dans une assiette creuses. Les imbiber rapidement de la préparation et les faire dorer aussitôt à la poêle avec le beurre. Bien surveiller car le beurre ne doit pas brunir)

4) Retourner pour dorer l'autre côté

5) Ranger les tranches sur un plat. Les soupoudrer de sucre. Tartiner de compote de pommes

C'est aussi très bon avec de la confiture

dimanche 6 septembre 2009

Petits déjeuners


Il y a les petits déjeuners les plus courants des jours où on n'a pas le temps, une tasse de thé qui brûle la langue, 4 petits gâteaux aux céréales miel-chocolat et on est parti à l'assaut des transports en commun. Il y a ceux des week ends à la maison: deux tasses de thé, des tartines bien dorées avec de la confiture ou un peu de miel et l'incontournable pomme du matin. J'ai une nettre préférence pour les confitures de fruits rouges en particulier la fraise ou la framboise malgré les petits grains qui restent dans les dents et vous titillent toute la mâtinée. Il y a les petits déjeuners coréens: soupe d'algues au larges "pâtes au couteau" ou bol de riz accompagné d'un peu de poisson. Ce n'est pas toujours facile à avaler mais comme à tout je m'y suis fait. Il y a les petits déjeuners chez F: deux tasses de café "jus de chaussette", yaourt, pomme, carré de chocolat pour moi et café-clopes pour lui. Il y a encore ceux plus tardifs chez F après des soirées plus ou moins arrosées et toujours très festives, à l'aise en tee_shirt et en caleçon on aime se faire livrer le petit déjeuner.

Il veut toujours des pizzas et moi de la nourriture japonaise. Commence alors un débat très constructif sur: Comment aux délicats sashimis peut-il préférer des pizzas de contrebande qui luisent et laissent une épaisse couche d'huile sur le carton de la boîte? Pour éviter de trop longues parlementations qu'il abandonnera de toute manière en premier je ne lâche jamais -déformation étudiante- on passe donc deux commandes et on constate que le livreur japonais est plus rapide que le livreur de pizzas.

Il y a les petits déjeuners où je n'ai pas faim, pour ne pas violer mon interdiction à sauter un repas j'aime manger 3 petites galettes de riz soufflé avec un peu de confiture et une orange. Il y a ceux, rares, où j'ose plonger mon couteau dans le pot de Nutella, où j'ose m'en faire deux tartines et où je parviens à ne pas me sentir mal à l'aise. Il y a ceux avec E dans des cafés parisiens, souvent près de Saint Michel. On boit du thé dans lequel il rajoute un nuage de lait et des pains au chocolat bien feuilletés. Notre dernier rendez vous fut un peu triste, lorsqu'il m'annonça qu'il s'était faire renvoyer des Scouts d'Europe lorsqu'ils avaient découvert son homosexualité. Outrée, je me lançai dans une tirade interminable et enflammée sur l'intolérance et le sectarisme de certains extrémistes arriérés qu'il coupa d'une étreinte: "C'est pour ça que tu seras la seule fille qui aura réussi à me passer la corde au cou". Ce matin là, au thé on préféra le chocolat chaud au plus haut potentiel de réconfort.

J'aime rencontrer des amis pour un petit déjeuner. C'est une atmosphère plus douce, détendue et intimiste qu'un dîner ou qu'un déjeuner. Les sensations sont plus fraîches et plus à vives, on se sent encore un peu engourdi, un peu fragile. On partage un moment rarement partagé avec d'autre que l'amoureux ou la famille proche. Le tout est de trouver des amis qui se lèvent tôt...