dimanche 7 mars 2010

C'est l'époque des crépuscules bleux qui offrent une lumière tendre aux promenades amoureuses. On se sent enveloppé par le ciel ou peut-être est ce le sentiment de plénitude qui nous réchauffe. Malgré l'échec qui me fait plier de l'intérieur depuis plusieurs jours, il réussit à m'enlever à moi même. Mon coeur recroquevillé éclosait de nouveau à la mesure du son de sa voix. Mon regard était juste brumeux, perdu dans le vague d'une ligne d'horizon imaginaire.
J'aurai voulu rester dehors mais le bleu sombre et froid de la nuit tombait comme un voile noir devant nos yeux et la fête battait son plein à l'intérieur. Des mojitos, des choppes de bières et des assiettes de frites croustillantes. Jolie joyeuse, je me suis laissée prendre au jeu, j'ai finalement ris de bon coeur. Il m'a enlacé, j'ai oublié ma lassitude; tout ne paraissait plus aussi grave et insurmontable. Cette nuit, la réalité fut magnifié par l'amitié jusqu'au pas de la chambre, ensuite l'amour l'effaça d'un long souffle chaud et vibrant.
Je vis chaque moment avec tant d'intensité que c'est intenable. Les joies me transportent dans des allégresses aliénées, les tristesses me feraient tomber à genoux de douleur, les peines et les deceptions m'assoment dans des torpeurs noires. Tout cela ne dure jamais bien longtemps, heureusement, tout s'efface très vite, je n'ai pas la mémoire de mes sentiments.

mercredi 3 mars 2010


On s'est souvenu que lorsque l'on était petites on mangeait des pains aux raisins aussi gros que notre tête. On pouvait se cacher derrière et il fallait les tenir à pleines mains, mais on n'avait pas peur. Elle n'aimait pas les raisins secs mais elle adorait les pains aux raisins.


Parfois, on achetait des chouquettes et on se battait pour manger les critaux de sucre tombés au fond du sachet en papier. Elles étaient douces les sorties d'école avec les gros cartables colorés sur le dos et les bottes rouges fourrées.


Je ne sais plus pourquoi on pensait à cela en regardant par la fenêtre la lumière de la maison d'en face se refleter sur les feuilles humides des boulots du jardins. J'avais oublié que j'aimais les pains aux raisins.


Je lui racontais que j'avais peut parce que je ne savais plus écrire, la plume était bloquée dans les airs et la feuille restait blanche depuis des semaines, c'était à en pleurer. Les résultats du semestre furent décevants, incohérents, incompréhensibles. Les réussites attendues se transformèrent en échec et les échecs redoutés se révèlèrent satisfaisants. Alors tout fut remis en cause, je n'avais plus de talent, plus d'intelligence et plus de savoirs. Pour mettre fin à l'autoflagellation, je lui ai dit "viens, on va se promener dans les bois, faire le tour du lac". Quand on avait 10 ans, le lac nous paraissait immense, nos petites jambes fatiguaient à force de pédaler ou de courir autour, on donnait à manger au canards. Maintenant, il faut marcher lentement pour faire durer un peu la balade, en s'asseyant sur un banc à mi-chemin pour regarder fondre les dernières plaques de gel à la surface de l'eau. Les branches des arbres encore nus se tordaient dans le ciel, impact de la torture des éléments, je ne les avais jamais remarqué aussi nouées. "Je me sens comme ces arbres à l'intérieur".


Ca allait en fait quand même un peu mieux, on est rentrée boire un thé aux fruits rouges.