mercredi 3 mars 2010


On s'est souvenu que lorsque l'on était petites on mangeait des pains aux raisins aussi gros que notre tête. On pouvait se cacher derrière et il fallait les tenir à pleines mains, mais on n'avait pas peur. Elle n'aimait pas les raisins secs mais elle adorait les pains aux raisins.


Parfois, on achetait des chouquettes et on se battait pour manger les critaux de sucre tombés au fond du sachet en papier. Elles étaient douces les sorties d'école avec les gros cartables colorés sur le dos et les bottes rouges fourrées.


Je ne sais plus pourquoi on pensait à cela en regardant par la fenêtre la lumière de la maison d'en face se refleter sur les feuilles humides des boulots du jardins. J'avais oublié que j'aimais les pains aux raisins.


Je lui racontais que j'avais peut parce que je ne savais plus écrire, la plume était bloquée dans les airs et la feuille restait blanche depuis des semaines, c'était à en pleurer. Les résultats du semestre furent décevants, incohérents, incompréhensibles. Les réussites attendues se transformèrent en échec et les échecs redoutés se révèlèrent satisfaisants. Alors tout fut remis en cause, je n'avais plus de talent, plus d'intelligence et plus de savoirs. Pour mettre fin à l'autoflagellation, je lui ai dit "viens, on va se promener dans les bois, faire le tour du lac". Quand on avait 10 ans, le lac nous paraissait immense, nos petites jambes fatiguaient à force de pédaler ou de courir autour, on donnait à manger au canards. Maintenant, il faut marcher lentement pour faire durer un peu la balade, en s'asseyant sur un banc à mi-chemin pour regarder fondre les dernières plaques de gel à la surface de l'eau. Les branches des arbres encore nus se tordaient dans le ciel, impact de la torture des éléments, je ne les avais jamais remarqué aussi nouées. "Je me sens comme ces arbres à l'intérieur".


Ca allait en fait quand même un peu mieux, on est rentrée boire un thé aux fruits rouges.

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