mercredi 22 juillet 2009

manger plus pour travailler plus


Certaines personnes disent que je suis obstinée, moi je préfère le terme déterminée, et mon objectif cet été était de me défaire de ma peur de parler en public. J'ai donc choisi un travail d'été en tant que guide touristique dans une compagnie de bateaux mouches. 8 fois par jour, pendant une heure, je dois faire face à 300 paires d'yeux plus ou moins-bien- attentionés et parler pendant une heure en français et en anglais de l'histoire des plus grands monuments de Paris et des ponts de la Seine, je crois qu'après une telle cure m'exprimer en public ne sera plus un problème. C'est un peu comme lorsque j'étais petite et que je me forçais chaque été à partir en colonie de vacances même si j'en avais des brûlures d'estomacs plusieurs semaines à l'avance car j'étais persuadée qu'il fallait que j'apprenne à me sociabiliser.

Le cadre de travail est sympathique, petit vent frais dans les cheveux, musique sur les quais de la Seine et surtout les illuminations la nuit... C'est moins bien lorsque l'on se fait verser des bouteilles de bières sur la tête en passant sous les ponts.

Le patron chouchoute ses employés, le matin nous sommes accueillis avec des viennoiseries, du thé et du café. Un patissier à la retraite s'occupe de nous mitonner de délicieux déjeuners et dîners. Les multiples desserts s'étalent sur le comptoir: mousse au chocolat, tarte au citron meringuée, flan à l'orange ou tarte tatin, tel est le choix qui nous est proposé. Et pour le plat de résistance, des mêts tout aussi alléchants: frites et magret de canard, riz cantonais et pavés de saumon, pintade et ratatouille à la provençale. La devise du chef: manger plus pour travailler plus.

Toutefois, répéter inlassablement le même discours 10, 15, 30 fois par semaines commence à me rendre folle. Je deviens un véritable robot, les mots sortent de ma bouche automatiquement, mes bras se lèvent à droite et à gauche comme un pantin. Ca fait un peu peur. Pour éviter de devenir un automate désincarné, je fais des petites blagues, je me transforme en comique pour mon public, qui l'aurait cru! Je me découvre, au fil des jours, une aisance que je ne m'aurais pas soupçonnée. J'adore me forcer pour me dépasser, bizarrement je suis comme attiré par mes propres peurs. Je veux me surmonter parfois au mépris du danger, à la frontière de la folie.

Je me trouve l'air gauche dans mon uniforme un peu trop grand, la veste aux épaulettes trop large et la jupe qui descend trop bas me donne un air un peu perdu et fragile qui attendrit les toursites je crois.

Je m'amuse beaucoup à faire une étude sociologique du touriste de bateaux mouches: des familles, des amoureux, des groupes de voyages organisés et- oh horreur!- des groupes scolaires hurleurs et tapageurs. Les touristes espagnols sont de plus loins les moins civilisés et les plus agressifs, sans aucuns respects ils parlent forts et font des scandales quand je leur dis que "sorry I don't speak Spanish". Si bien que chaque guide fait une petite prière avant chaque départ pour que son bateau ne soit pas rempli d'un groupe d'espagnols en furie. Les asiatiques restent calmes et impassibles mais applaudissent très fort. Les anglos-saxons s'émerveillent de tout et laissent de gros pourboires. Les hommes en général sont beaucoup plus généreux que les femmes, sûrement car je suis une fille. Les groupes d'enfants s'amusent à crier sous les ponts ce qui est drôle et attendrissant pour les 5 premiers et devient très vite insupportable pour les 32 suivants. Ma tête et mes pieds sont très lourds... Mais heureusement pour me remettre je sais qu'il y a toujours une bonne part de gateau qui m'attend à la sortie du bateau.

A coup de grands battements de cils, j'ai réussi à soudoyer au cuisiner sa recette de soufflé au fromage:

soufflé au fromage (pour 4)

4 oeufs

50g de beurre

2 cs de farine

150g de conté ou emmental rapé

1/4l de lait

sel

poivre

noix de muscade

Faire fondre le beurre. Ajouter la farine et faire cuire 5 minutes. Ajouter le lait. Faire cuire en béchamel. Ajouter le rapé puis hors du feu les jaunes d'oeuf. Puis les blancs en neige. Cuire au four 250C° 35 à 45 minutes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et alors ? Est-ce que ça a marché ? Sociable ou pas sociable maintenant ?

SB.

reinette a dit…

Je suis beaucoup plus sociale, j'ai gagné de l'assurance mais faire face à un grand public m'effraie toujours beaucoup, je pense que c'est le cas pour la plupart des gens. Et puis je garderai toujours un petit côté solitaire, rien ne sert de lutter contre ma nature