mercredi 15 juillet 2009

Une mouche bourdonne coincée entre la fenêtre et mon store à demi fermé pour me protéger de la chaleur estivale. Débile. Elle m'agace mais je ne la libère pas, elle s'agite et puis s'arrête. Je me demande un peu cruelle si elle réussira à se délivrer elle même. Ou perdrais-je patience avant? C'est une mouche obèse et noire, si j'y pense trop j'arrive à en avoir la nausée. Ca me rappelle que je devrais lire Sartre. Je devrais aussi sortir pour faire de la photo ou descendre les escaliers pour aller cuisiner. Mais pour cela il faudrait me lever et aujourd'hui je ne suis qu'une grosse masse molle, flemmarde. Ma flemme m'angoisse, ne rien faire c'est engraisser, je dois apprendre à ne rien faire. Je n'arrive pas à me concentrer, les livres m'échappent des mains. Un après midi qui s'étire à l'africaine. Je me souviens des longues heures passées à ne rien faire assise les pieds dans le sable à discuter les filles, assomées par la chaleur sur des nates colorées. Les parties de cartes s'enchaînaient entrecoupées de courses à mobylettes et de séances douloureuses de tressage de cheveux. Le soir on se promenait avec les enfants jusqu'au marais où l'on espérait toujours apercevoir des aligators ou bien jusqu'au marché pour regarder les tissus chez le tisserand. Le temps avait une autre dimension là bas, plus lent et plus tranquille. L'atmosphère était plus crue due aux couleurs vives de la nature, des ocres brulants, des ciels gris anthracites profonds et orageux. Le calme des grands espaces contrastait dramatiquement avec le confinement de l'hopital, le bruit des pleurs des enfants, l'odeur d'urine, des cinquantaines de mères faisant la queue dans l'espoir de récolter quelques sac de farines. Des après midi à courir le mètre-ruban à la mains pour mesurer les tours de bras des enfants, les serrants au maximum pour qu'ils passent en dessous de la barre des 13cm qui leur donnait accès à la si précieuse nourriture. Moi qui n'avait jamais connu la faim, je me voyais dire Non désolé je ne peux rien vous donner, vous devez repartir maintenant. Et quand je retrouvais le calme de la brousse le soir, je regardais dans le vague et je revoyais leur visage. Mais il y avait toujours les enfants de l'école que l'on retrouvait chaque matin pour la classe qui nous donnait le sourire par leur joie de vivre. Ils écoutaient toujours très attentivement nos leçons et s'appliquaient beaucoup aux travaux d'écriture même s'il devaient économiser l'encre de leur stylo et les pages de leurs cahiers. Ils nous offraient des mangues et des cacahuètes, nous apprenais des chansons et le Morée. Là bas j'étais utile et ici je ne sers pas à grand chose. La mouche est toujours coincée.

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