vendredi 17 avril 2009

MON COEUR FAIT DAHAM DAHAM

Il paraît que dans une scolarité, on rencontre un ou deux professeurs qui nous marqueront à jamais, il aura fallu pour moi me déplacer à l'autre bout du monde pour rencontrer le mien, mais cela en valait la peine.
Au semestre dernier, je suivais le cours intitulé "Korean history new perspectives" enseigné par le professeur D. Le titre m'avait intrigué, je n'ai pas été déçue. Professeur D développe une historiographie anti-nationaliste de la Corée, une véritable réecriture de l'historiographie traditionnelle coréenne à la limite de l'épopée ou de la mythologie. C'est avec passion que j'ai écouté son cours qui sonnait comme une énigme policière à mon oreille sur les traces de la vérité cachée de textes datant de plusieurs centaines d'années. Pendant plusieurs mois je fus pendue à ses lèvres telle une midinette devant son groupe de rock préféré. L'histoire coréenne est encore un vaste champs d'étude à explorer pleine de mystère et de mensonges. C'est avec élan et passion que suivant son exemple j'ai écrit un essai sur "le rôle caché des femmes dans l'historiographie coréenne" qui m'a valu les honneurs.
Durant les vacances d'hiver professeur D et moi avons échangé une correspondance régulière, j'ai eu le droit à une belle lettre de recommandation qui m'a permise d'obtenir une bourse de mérite qui financera mon prochain voyage en Chine. Je l'ai à mon tour recommandé à quelques connaissances universitaires avec qui il pourra développer son intérêt pour notre Foucault national -Michel, pas Jean Pierre.
C'est pour conclure cette série de recommandations réciproques de nos belles personnes que nous nous sommes retrouvés à midi autour d'un déjeuner. Il avait réservé dans un très chic restaurant italien:"Le petit cru", les coréens ne distinguant pas très bien la France de l'Italie, l'amalgame est très courant et l'on se retrouve à manger italien dans des restaurants français et inversement. Service apprêté empressé, enchaînement de plats aux portions plus minuscules les unes que les autres, ce repas se voulait de la plus haute sophistication. je fus touchée de l'effort et étonnée de tant d'égards de la part de mon cher professeur. Toutefois, tout ce cérémonial se déroulant sur une belle terrasse ensoleillée surmontant les toits gondolées des petites maisons traditionnelles coréennes, je passais un moment des plus délicieux. La conversation fut riche et anticonformiste, j'appris de croustillantes anecdotes sur les plus grands scandales sexuels de l'histoire coréenne, bien plus machiavéliques et trépidantes que Voici.
Professeur D s'est séparé il y a quelques mois de sa petite amie, dont la rencontre fut orchestrée par les bons soins de ses parents. Des pratiques d'un autres âge qui subsistent encore.
Quant à moi je pourrais aisément me laisser aller à des fantasmes platoniques en repensant à la balades dans les petites allées cachées des hauteurs de Seoul qui suivit se repas. La ville, ses hauts immeubles et ses temples, s'étendait devant nos yeux sous un soleil brillant de milles feux. L'air était tiède et une brise agréable faisait virevoleter ma robe blanche. Nous redescendîmes ensuite dans la ville basse par une succession d'étroits escaliers de pierres pour y boire un café accompagné d'une part de gateaux au chocolat et aux amandes.
Nous nous quittâmes sur une petite révérence d'au revoir, à la mode asiatique, j'espère que ce ne fut pas un adieu.
Ce soir je dîne de petites fraises bien rouges et savoureuses, on dirait des petits coeurs, elles m'avaient inspirées sur le chemin du retour.

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