vendredi 13 février 2009

DANS UN CANAPE; JE MANGE UNE ORANGE

Le bébé dort. Dans un plaid, enfoncée dans des coussins, le jus acidulé et sucré coule dans ma gorge puis me monte à la tête, j’en ai presque des sueurs froides. Je lèche une à une les gouttes orangées qui dégoulinent le long de ma main.
J’aime les aliments qui sont longs à manger, tout un cérémonial qui donne le temps de se délecter, d’apprécier. Habituellement, je mange très lentement. L’orange est le fruit parfait. D’abord la peler avec les doigts qui s’enfoncent dans l’écorce mi rigide-mi molle, ensuite enlever toutes les petites peaux blanches qui s’accrochent sous l’ongle –souvent je perds patience et les mange quand même. Enfin, séparer chaque quartier et les manger un par un en mordant bien au milieu pour laisser apparaître les pulpes dodues prêtes à exploser sur les papilles en alerte.
Je suis étendue dans ce canapé après une journée parisienne paisible. J’ai déjeuné avec A qui comme à son habitude est arrivée avec un quart d’heure de retard. Je ne sais pas pourquoi je m’obstine depuis huit ans à arriver à l’heure alors que je sais pertinemment qu’elle sera en retard.

Après une courte marche dans les rues étroites et sinueuses qui bordent le Panthéon et qui me donnent toujours des inspirations photographiques, nous arrivons dans notre ilot américain le BIA. Nous craquons toutes les deux pour deux « chiken wripples » fourrés à la salade et au cheddar. Je découvre avec étonnement, et un peu honteusement, mon goût prononcé pour ce faux fromage chimique dont je racle jusqu’à la dernière miette dans le fond de mon assiette.






Je m’engouffre dans le métro parisien où je poursuis la lecture des Faux Monnayeurs de Gide.
Un endroit bien bruyant et sale pour savourer un roman si touchant et troublant. Je ressens ce roman, ma sensibilité vibre au fil des lignes, je suis transpercée par cette lecture comme je ne l’ai pas été depuis longtemps.
L’homme ressent ce qu’il imagine et imagine ce qu’il ressent.


Le froid de février me transperce et me rougit le nez. Je porte pourtant mon poncho en laine tout doux. Celui qui a la couleur de mes yeux, cette couleur si particulière qu’on ne serait dire si c’est du bleu ou du vert.
J’ai aussi ajouté une petite barrette verte dans mes cheveux, je suis d’humeur enfantine aujourd’hui.













De retour au chaud, je m’adonne à ma nouvelle lubie, la pâtisserie –thérapie post anorexie ??- Je confectionne des lingots de pain d’épices très moelleux. Ils sentent bon la cannelle et fondent dans la bouche. Une seule bouchée…Avec la langue, je décolle la pâte encore tiède qui s’accroche à mon palais.

Recette
250 g de miel
200 g de lait
150 g de sucre roux
300 g de farine
2 oeufs
1 sachet de levure chimique
3cs de poudre d'amande
1cs de cannelle
1cs de 4 épices (où autre selon les goûts)

-dans une casserole mélanger à feux très doux le beurre, le lait et le miel jusqu'à obtenir une préparation homogène.
-Dans un récipient mélanger les poudres
-Versez la préparation liquide sur la préparation solide, fouettez et ajouter les oeufs un à un. Laisser reposer.
-Préchauffer le four à 180°C et enfourner.


Avant de partir pour un baby-sitting, je vérifie ma boîte mail.
Après plusieurs semaines de silence- peut-être que j’exagère ?- enfin une réponse de H. Mon cœur bat un peu trop fort et le rouge me monte aux joues. Je m’étonne d’une telle réaction. Une preuve que ses longs silences me font encore souffrir et m’angoissent bien que je me sois juré d’y être désormais insensible. Je crains qu’il ne se lasse et ne m’oublie, l’homme pressé qu’il est.
Un ami et bien plus que ça. Il fait partie de ces gens dont le statut est indéfinissable dans nos vies. Ce n’est pas de l’amour mais plus fort que de l’amitié. Ca fait chaud au cœur et porte un sourire aux lèvres. Une relation réconfortante comme un chocolat au lait l’hiver (encore meilleur que le lait au chocolat).
H ne viendra pas à mon anniversaire le 21, mais il en est désolé. Nous nous reverrons paraît-il à son retour de Londres et avant mon nouveau départ pour la Corée. Ah ! Dure vie de bourlingueurs. Combien de fois peut-on quitter les gens en espérant les retrouver ensuite ?
J’attends le message traditionnel du soir de F. Lui qui est toujours là malgré mes errances physiques et psychologiques. Je l’ai abandonné une fois sur les deux plans, il est revenu.
La seconde séparatiob bien que seulement physique sera-t-elle celle de trop ?

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