vendredi 6 mars 2009

DANS UNE PETITE CHAMBRE DE L AUTRE COTE

Ca y est bientôt une semaine de passée à l'autre bout de la terre... Je me remets doucement de la fatigue du décalage horaire qui m'a embrumée pendant plusieurs jours.

Je loge dans une petite chambre dans une résidence étudiante. Si je recule trop la chaise de mon bureau je me cogne dans mon lit. Le côté pratique est qu'en tendant bien les bras je peux choisir les vêtements dans mon armoire tout en restant allongée dans mon lit et donc m'habiller sous ma couverture.

Une couverture bien fine d'ailleurs pour cette fin d'hiver rigoureuse. Et pas très belle en plus, d"une couleur beige douteuse.

J'ai retrouvé des endroits familiers avec plaisir, quelques bons restaurants, des bars animés, les rues remplies d'étudiants qui mangent des glaces même par des températures qui n'atteignent pas le zéro.

J'ai retrouvé des amis aussi, coréens et du monde entier. J'apprécie cet environnement cosmopolite où chaque jour est fait de nouvelles rencontres et où l'on découvre sans cesse de nouvelles cultures.

J'ai rencontré un chauffeur de taxi sympathique qui riait fort en tappant des mains et s'exclamait dès que je prononçais quelques mots de coréen.

"Comment tu t'appelles?"
"Camille"
"Kaimil"
"Non Camillle"
"Ahh Kami"
"Euh oui voila c'est ça"
Sourire de l'interlocuteur
Pour découvrir ensuite que Kami signifie "nain" en coréen...En même temps cela veut dire "dieu" en japonais, cela fait une moyenne...
"Et quel âge a tu?"
"21 ans"
"Tu es né en 1990?"
"??.. Non en 1988, février"
"Alors tu as 23 ans!"
En Corée on compte l'âge à partir du premier jour de grossesse donc on doit rajouter un an. Et comme si l'on est né avant la nouvelle année chinoise cela rajoute encore un an.
Voila comment j'ai pris deux ans enn quelques minutes, à 20 ans ce n'est pas trop grave, j'apprécierai sûrement moins dans plusieurs années.
J'ai donc quelques problèmes d'identité en Corée, mais finalement, tout est relatif...


Malgré les points de repère que j'ai déjà, mes amis, les soirées entre amis et l'ambiance festive le retour n'est pas si facile.

J'ai aussi retrouvé les odeurs de fritures ou de poisson qui vous soulève le coeur au petit matin que j'avais oubliées. La nourriture si épicée qui vous brûle l'estomac comme un charbon ardent pendant plusieurs heures après les repas. Le sentiment d'être seule même lorsque l'on est entourée car les gens que l'on aime vraiment sont si loin.



Je me sens plus que jamais en contradiction avec moi même. Si je ne sors pas ça ne va pas car je supporte mal d'être seule, j'ai besoin de tonnes d'amitié ici pour compenser tout l'amour que je n'ai plus.

Si je sors trop ça ne va pas non plus, je dépense trop et je culpabilise de flamber ainsi l'argent de mes parents en restaurants, alcools et boîtes de nuit.

Une question de temps j'espère avant de trouver un équilibre dans lequel je me sentirai bien.

Vivre dans un monde aussi différent me rend hypersensible. Au fil de la journée se succèdent grandes joies et déprimes. Comme si je ne pouvais plus être sereine . Je rêve d'un encéphalogramme plat. Cette intensité d'existance m'épuise, mes nuits sont agitées, je peine à trouver le sommeil.

Pourtant je suis heureuse, la vie est une fête qui n'a pas de fin ici. De plus, les cours sont faciles bien que comme toujours je choisisse la difficulté en m'inscrivant dans des cours de japonais enseignés en coréens. Les gens m'apprécient (ce qui a bien trop d'importance pour moi, je devrais apprendre à ne pas m'en soucier autant) et m'entourent.

Plus que tout c'est F qui me manque. Tellement, que nous n'osons pas utiliser nos webcams pendant nos conversations virtuelles par peur que ça fasse trop mal de se voir presque pour de vrai mais de rester en fait si loin.

Le manque est si intense qu'il envisage de venir me rejoindre pour les vacances de Pâques. Pourtant je ne sais pas si j'en ai envie. Ma vie en Corée est si différente, comme un autre monde où je ne peux pas projeter la présence de F. Pourtant je meurs, littéralement, d'envie de le voir.
C'est difficile d'écrire lorsqu'on est de l'autre côté de la terre. On se retrouve encore plus seule face à soi même et ses faiblesses.
Ce soir pour la première fois, j'ose une soirée cocon, loin de tout le monde, dans ma petite bulle. J'ai du mal à assumer d'en avoir envie, de cette solitude, à 21 ans ce n'est pas normal, non?

1 commentaire:

nikka a dit…

Y a-t-il un post où tu racontes ton histoire ? Tu m'intrigues et je suis curieux. Même si je sais qu'une photo, tout en disant moins, dit plus qu'un film qui tente d'être exhaustif en saisissant le mouvement, en suivant des lignes, au lieu de se contenter de points suspendus.