mercredi 17 juin 2009

DAHAM 2

Les au revoirs ce succèdent dont certains dévoilent de grandes surprises. Je ne pouvais quitter la Corée sans revoir mon professeur préféré. Un dîner fut fixé mardi dernier dont la destination ne me fut révélée.
Comme je le craignais, nous arrivâmes dans un restaurant "français" tres chic, j'aurai mille fois préféré un bon restaurant traditionnel coréen à une fausse cuisine française mais l'attention était encore une fois délicate, je m'y résignais donc.
Le serveur tira ma chaise et alla même jusqu'à poser la serviette de table sur mes genoux-j'ai cru oublier un instant que j'étais dôtée de bras. D choisit un menu complet affichant une farandole de plats comme même en France cela ne se fait plus. J'étais génée à l'idée du prix que ce dîner allait coûter alors qu'un simple bibimpap m'aurait enchanté.
La conversation fut comme toujours agréables, cette fois sur les Mémoires rédigés par les reines et princesses coréennes dont les historiens coréens retrouvent peu à peu la trace. Des parcours de vie passionants où se mêle exotisme et confucianisme dans un portrait nouveau de l'histoire coréenne.
Mais ce jour là D portait une cravate, j'aurais dû me douter de quelque chose...
Les plats plus minuscules les uns que les autres se succédaient. Je me serais cru dans le monde des Polly Pocket. Nous commençâmes par une mini bouchée à la reine, puis vint un demi quart de langoutisne sur son émiété de tomate. C'est entre les trois raviolis et la soupe à l'oignon que D me regarda droit dans les yeux d'un air très troublé et me déclara
"C il y a quelque chose que j'aurais aimé vous dire avant que vous ne partiez, j'ai beaucoup hésité à vous en faire part et j'aimerai que vous m'écoutiez"
Mon estomac commença à faire des noeuds, non ce n'était pas possible, il n'allait pas déclarer ce que je pensais qu'il allait déclarer.
"Je sais que je ne devrais pas dire cela car j'ai été votre professeur et que vous etes si jeune mais je je ressens de profonds sentiments pour vous"
Heureusement que j'étais assise sur une large chaise
"J'ai l'impression que vous lisez à travers moi, jamais au paravant je n'ai ressenti une telle connection avec quiconque. Vous êtes aussi une femme très attirante..."
Moi? une femme? J'ai du mal à le réaliser, un petit bout de femme peut-être et encore... Cela m'effraie toujours de m'entendre qualifier de "femme" par les hommes. Ce mot est décidément trop sensuel pour que je l'assume encore.
"Ce que je vous dit est contraire à toute éthique et je vous prie de me pardonner l'embarras que je vous cause. J'ai essayé en vain de vous oublier, je ne cesse de penser à vous"
Je frôle l'apoplexie.
"J'ai peur de ne plus jamais rencontré une femme comme vous et je voulais être honnête avec vous avant votre départ. Je sais que c'est une histoire impossible et ne vous demande aucune réponse. Je vous remercie des belles émotions que vous m'avez apporté"
Que dire alors? Mon esprit est vide, je contemple les lamelles d'oignons qui flottent dans mon bol. Cela ne m'inspire pas beaucoup à trouver de belles paroles.
"Je ne sais pas quoi dire, je pars dans trois jours et ne reviendrais sûrement pas avant plusieurs années. Votre confession m'a beaucoup touchée, je vous admire beaucoup en tant que professeur et en tant qu'homme."
Je ne peux rien trouver de plus à dire tellement le choc est grand. Il me sauve par un salvateur "j'ai besoin d'une cigarette là". Nous sortons sur la terrasse, l'air est tiède, hésitante d'abord la conversation reprend son cours.
Bouchées de foie gras, de steak et de fromage s'entrecoupent de moments de complicité, de silences embarrassés et de regards troublés.
Lorsqu'il me déposa devant chez moi pour un ultime adieu nous restâmes juste plantés là, face à face, comme deux enfants maladroits.
Deux jours plus tard, mon désarrois et mon incrédulité sont toujours grands. Moi même je ne peux pas y croire, cela n'a pas pu arriver dans ma vie, serais je enfermée dans un roman?

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