mardi 23 juin 2009

retour


Etrangement la pluie se mit à tomber sur le chemin de l'arrêt de bus menant à l'aéroport, comme pour accompagner nos larmes. Nous étions tous un peu ivre, c'est plus facile pour ne pas se rendre compte. Ce fut une belle dernière nuit. Je n'avais pas ouvert leurs lettres attendant d'être seule dans l'avion pour les parcourir et me laisser porter par la mélancolie. L'escale à Beijing fut bien longue, je m'allongeais sur une banquette la tête lourde posée sur mon sac à dos en écoutant en boucle les mélodies de Ginger Ale. Un Italiquemauritarien au regard louche tente d'engager la conversation- ne voit-il pas que je suis très occupée à m'enfoncer au plus profond de mon vague à l'âme- je le décourage en laissant croire que je ne comprends pas le français. Les onze heures de vols s'étendirent trop entre repas incolores et insipides et vaines tentatives de sommeil. Seul l'Homme révolté m'occupa un peu l'esprit.

J'eu l'impression comme toujours que mes bagages furent les derniers à sortir de la grosse bouche du tapis roulant retardant encore mes retrouvailles avec F et ma famille. Le lourd chariot à roulette que je poussais difficilement à bout de bras enleva quelque peu le romantisme de ces retrouvailles. Ma mine chiffonée aussi ne devait pas être digne d'une comédie romantique mais plutôt d'un film d'épouvante.

C'est lors d'une première étreinte que je me suis rendue compte à quel point je l'aime. Ces "je t'aime" que je voyais avec effroi perdre peu à peu de leur sens à la fin de nos conversations virtuelles ont retrouvé toute leur force murmurés au creux de l'oreille.

Nous avons été voir A jouer son premier rôle sur une vraie scène, des textes bouleversant d'auteurs tchèques roumains et suédois; c'est jeune, cru, dur et poétique. Ca parle de sexe bien sûr, de cages à oiseaux, d'inceste et de yaourt à la fraise.

Ca m'a décoiffée... j'ai été chez le coiffeur, c'est long devant et court derrière, parce que j'aime bien faire les choses à l'envers.

Ce matin le médecin m'a dit que je ne redeviendrai pas une femme avant encore quelque temps et que mon coeur battait trop lentement. Il m'a fallut un an pour faire un tiers du chemin, c'est dur de ne pas s'essoufler. Pour reprendre de l'oxygène, ce soir nous nous promènerons dans les bois mais toujours cette angoisse: comprendra t-il, se lassera t-il?

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